Cette saison, beaucoup de vêtements sont présentés par des séniors, des hommes âgés de 40 à 80 ans. Le règne sans partage des mannequins juvéniles est-il terminé ?
Il y a quelques années, de rares marques faisaient défiler des séniors. Des hommes mûrs apparaissaient lors des présentations de Gaultier Monsieur, Agnès b homme, Paul Smith, Yamamoto. Puis ils ont quasi disparu des podiums pour laisser place à des mannequins de plus en plus jeunes. Cette saison marque leur retour aussi bien lors des fashion weeks que dans les lookbooks.
Même si les inspirations sont de plus en plus diverses, quelques grandes tendances émergent lorsqu’on regarde les défilés de mode. Voici une sélection de photos que j’ai prises aux défilés où j’ai été invité et les principales tendances qui ressortent.
Grosses doudounes et doudounes ultra-fines, bombers et blousons de pilote, parka d’explorateur et mouton retourné sont les principales tendances de cet hiver.
Vincent Dedienne, Patrick Pelloux, Marc Olivier Fogiel, Nicolas Ker, chanteur de Poni Hoax et bien d’autres : musiciens, artistes, éditeurs, mannequins… Agnès b a choisi de faire défiler ses amis pour présenter sa collection homme de l’hiver 2017. Et dans le public : Reda Kateb, Natacha Regnier, Edouard Baer…
Mannequins « off duty », hors défilés, blogueurs, journalistes, acheteurs, stylistes, photographes… Voici quelques personnes photographiées ces derniers jours à paris lors de la fashion homme de présentation des collections hiver 2018. Les looks sont plus ou moins travaillés et excentriques.
Ce sont des interprétations plus ou moins littérales de motifs traditionnels des cultures pré-colombiennes. Ceux-ci sont des combinaisons complexes et répétitives de losanges ou carrés et triangles. Cette tendance mode s’inscrit dans une tendance plus large au style des années 70, hippies.
Gilet Le Temps des cerises
Kaporal
La salopette
Le port de la salopette est réservée aux jeunes. Au-delà de 30 ans, ça fait vieux pépère. Le plus souvent elles sont bleu jean, mais on trouve aussi des modèles rouge brique, jaune moutarde, motif camouflage kaki, noir. Certaines sont venudues usées, déchirées, rapiécées.
Cet hiver, les marques déclinent le bomber de toutes sortes de manières : en nylon mat ou satiné, sous forme matelassée, avec un nylon imprimé au lieu d’être uni, avec ajout d’un col en fourrure, en replaçant le nylon par une autre matière comme le pilou ou le molleton de coton, avec des manches contrastées ou en maille, en lui ajoutant un motif brodé comme les sukajans.
Uniformes retravaillés, imprimés camouflage,… parfois il s’agit juste d’une petite évocation, un « clin d’oeil »… Tous les ans, les tenues militaires inspirent la mode homme. Cette année, c’est encore plus vrai. Cette tendance s’explique par le fait que nous croisons sans cesse des patrouilles de soldats en treillis camouflage dans la rue. Des hommes beaux, jeunes et sportifs, au service de notre sécurité qui luttent contre le risque d’attentats terroristes.
Bombers Diesel
Eleven Paris
Photo : Vogue. Alexander McQueen, Balmain, Burberry se tournent plutôt du coté des uniformes de prestige.
Le style des années 70
Pulls col roulé, chemises à manches évasées, imprimés floraux, motifs hippies, amérindiens, velours lisse, look androgyne.
Vicomte A : un pull col roulé
Joe Retro
Roberto Cavalli
Le style des années 90
Grunge, avec des déchirures, jeans très usés, survêtements, pantalons baggy.
Navajo, Apache, Cherokee, Aztèque, Mohican… les motifs et jacquards inspirés des vêtements amérindiens sont très présents dans les collections homme de cet hiver.
Ce sont les motifs emblématiques de la maison Ralph Lauren, chez qui ils sont dénommés « Sud-Ouest américain » ou bien « motifs de couvertures vintages », ce que je trouve assez étrange étant donné l’évidente inspiration. Ce sont les dessins des tenues traditionnelles des natives americans. « Chez Ralph Lauren, on est davantage dans le folk et le gentleman-farmer que dans l’ethnicisme 1er degré. Mais cette inspiration folk-vintage qui mixte wasp-indien-mexique, c’est typiquement américain. Un artisanat très populaire s’est développé autour de ces motifs aux Etats-Unis« , m’a éclairé Thomas Zylberman, Styliste chez Carlin groupe.
Ralph Lauren
Ralph Lauren Tee shirt
Ralph Lauren Cardigan
Chez Asos, tous les motifs amérindiens, y compris ceux qui sont de toute évidence Navajo, sont regroupés sous la dénomination « Aztèque ».
Je ne suis pas un spécialiste des cultures précolombiennes, mais si je me fie aux résultats de google image :
Navajo c’est ça :
Apache :
Aztèque :
Cherokee :
Chez Le temps des cerises, on s’est attaché au contraire à nommer les motifs de façon précise.
Le temps des cerises
Gilet Le Temps des cerises
Le temps des cerises Mohican
Le temps des cerises Cherokee
Le temps des cerises Apache
C’est aussi le motif vedette chez Bonobo cette année chez qui tout est « Navajo » :
Quelques pièces aussi Kaporal qui propose des dessins Navajo, et Esprit qui s’inspire des Aztèques.
Esprit
Kaporal
D’autres marques ont des interprétations moins littérales, voici des exemples chez The Kooples et MCS. « Je parlerais plutôt d’une inspiration éthno-folk sans références précises sur laquelle on peut projeter un imaginaire venu d’ailleurs« , explique Thomas Zylberman.
The Kooples
MCS
MCS
MCS
Cette tendance est récurrente dans la mode femme, on la retrouve tous les ans. C’est moins vrai chez l’homme. D’où vient-t-elle ?
Une marque qui souhaite proposer des pulls jacquard n’a pas un choix illimité de motifs traditionnels. Ces inspirations amérindiennes sont une alternative aux dessins scandinaves, autrichiens-tyroliens et Fair Isle que l’on a beaucoup vus ces dernières années. Mais ce n’est pas qu’un choix par défaut, je pense qu’elle est liée à l’influence des années 70 hippies.
Dans les rues de Paris, depuis quelques mois, j’ai remarqué que de plus en plus de jeunes portent une salopette, en jean, souvent avec une bretelle défaite ou les 2, avec un T-shirt en dessous. Voilà un vêtement bien discriminant, que seuls les jeunes peuvent porter sans passer pour un papy de la campagne. Au départ c’est un vêtement de travail, créé en 1844 par un certain Louis Lafont à Lyon. Il évoque les charpentiers, ébénistes, agriculteurs. Coluche l’a rendue populaire faisant de ce vêtement son costume de scène en 1974. Elle entre dans le champ de la mode l’année suivante, en 1975, en apparaissant dans la collection d’agnès b. Coupée dans une toile robuste en denim, elle se caractérise par un pantalon taille haute, qui se prolonge par une une sorte de tablier ventral tenu par des bretelles, avec une large poche qui au départ servait à ranger un mètre pliant.
On en trouve de différentes couleurs cet hiver : le plus souvent bleu jean, mais aussi rouge brique, jaune moutarde, motif camouflage kaki, noir. Certains modèles inspirés de la tendance grunge de la fin des années 80 sont usés, déchirés, rapiécés.
Parmi tous les défilés de mode auxquels j’ai assisté lors de la fashion week de présentation des collections homme de l’automne hiver 2016, voici mes passages préférés, avec mes photos personnelles.
Lanvin : Lucas Ossendrijver a présenté des pulls fins sans manche et des vêtements ouverts laissant apparaître les torses nus : gilet déboutonné, veste en jeans dézipée, chemise ouverte…
Balmain : Olivier Rousteing a présenté un déploiement de richesse, de magnificence avec des broderies brillant de mille feux. Des vestes de style officier, des cuirs matelassés.
Dior Homme : Kris Van Assche a présenté des vêtements avec des volumes en contraste, notamment des pantalons amples portés avec des vestes ajustées. Ce pull à col roulé et jacquard scandinave.
Thom Browne : Des matières luxueuses dans toute leur splendeur, certaines associées traditionnellement à la Haute Couture : des manteaux de fourrure de castor ou d’astrakan, un tailleur en lainage bouclette.
Paul Smith revient sur les codes de sa marque, avec le tailoring britannique qu’on lui connaît, des rayures et des imprimés.
Wooyoungmi : Ce manteau qui doit être en drap de cachemire
Mihara Yasuhiro : La collection comprend des pièces comme celles-ci qui semblent usées, brulées, portées par quelqu’un vivant à la rue, raccommodées.
Blouson de cuir sans col, très ajusté
Agnès b qui concentre dans ce look l’élégance d’un homme parisien avec un manteau à fermeture croisée, une casquette de laine, une écharpe à carreaux, des gants de cuir.
Ce magazine publie des enquêtes sur les tendances mode donnant des explications sur ce qu'elles disent de notre époque. Des interviews de personnalités : acteurs, chanteurs et sportifs, des articles sur la protection de l'environnement, le matériel de sport, les nouvelles technologies, les montres, la gastronomie. Des tests de jeux vidéo. Des conseils pratiques. N° CPPAP : 0125 W 93848.