Cette photo a été prise en janvier. Reto porte un duffle-coat en drap de laine et un jean couleur de terre orangée.
Originaire d’Angleterre, le duffle-coat se caractérise par son drap de laine épais doublé aux épaules, sa capuche boutonnable qui protège ainsi la gorge et surtout ses attaches : des cônes en bois incurvés, ou en corne pour les versions plus chic, appelés Brandebourg. Au 19ème siècle c’était la tenue des marins anglais de la Royal Navy. Il n’a jamais vraiment cessé d’être à la mode au cours des 60 dernières années, mais on le retrouve particulièrement présent dans les collections depuis l’hiver 2011. C’est le manteau préféré de groupes britanniques comme Oasis, Belle and Sebastian et Franz Ferdinand.
Une collection très masculine Au premier coup d’œil, les vêtements ne semblent pas forcément hyper créatifs, mais ils sont élégants et vraiment faits pour être portés. La collection est une réflexion sur la solitude urbaine. « Un moment de la vie mondaine en ville, capturé si sensiblement dans le livre d’Edward Hopper Nightawks, a évoqué aux designers Woo Young Mi et Woo Jang Hee un sentiment à la fois d’intense solitude et de beauté artistique ».
On voit une volonté d’élégance et de respect des traditions des tailleurs. Hormis quelques originalités comme un manteau sans manche ou un gilet ressemblant à un kimono. Quelques détails d’inspiration militaires sont là pour répondre au besoin de protection de notre époque. La fourrure et le cachemire répondent au besoin de douceur. Beaucoup de jeux de proportions avec des vêtements amples et d’autres ajustés. Des manteaux ceinturés.
La palette de couleurs est ocre, rouille, kaki, vert forêt, bleu marine et grise.
L’une des tendances mode de l’été 2012 consiste à revisiter les tenues de travail, les habits d’ouvrier des artistes peintres et des miniers du Nord de la France avec des chemises à carreaux, vestes bleu de travail et denim vieillis. Kris Van Assche revisite lui aussi le monde du travail et des ateliers avec sa collection hiver, jusqu’aux costumes des cadres et dirigeants. Il présente des salopettes, des pulls camionneurs revisités, des vestes ressemblant à des blouses de travail. D’autres reprennent des finitions de kimonos ou encore des matelassages comme les vestes de chasseurs et pécheurs d’eau douce. De beaux manteaux de laine épaisse. Certains mannequins portent des lunettes de protections. Par manque de recul, je n’ai pas pu photographier les pantalons : ils sont larges et courts, comme ceux de Charlot. C’est le retour aux temps modernes.
Lanvin reste au top de la mode homme. Parfois lorsqu’une marque est très créative, cela donne des vêtements très intéressants en théorie, mais importables. Lucas Ossendrijver, créateur des collections homme, sous la direction d’Alber Elbaz, parvient à proposer une collection extrêmement créative – renouvelant profondément la silhouette Lanvin, avec des vêtements jamais vu ailleurs et une multitude de détails – qui sait rester chic et luxueuse. Des vêtements plus que portables : ils font vraiment envie. A la fois dans un cadre professionnel sérieux, et pour sortir. La silhouette est parfois mastoque (comme je l’ai montré dans un article précédent : lire l’article) avec des épaules rondes surdimensionnées. Beaucoup de mélanges de matières comme la laine et le cuir, c’est une tendance lourde de la mode depuis quelques années. L’idée est poussée un peu loin avec parmi les pièces inattendues ce manteau auquel a été greffé une doudoune. Des costumes, manteaux et pantalons en lainages colorés. Ces costumes s’adressent à la génération native digital : à la laine s’ajoute des inserts de néoprène et de silicone. Ils s’accompagnent de fins attaché-cases rectangles pour ranger un ordinateur ou une tablette. De la douceur avec des lainages de l’Himalaya. Des pantalons à la taille souvent très haute, qui rappellent les années 70. Parfois trop haute. C’est le seul bémol que je mettrais à cette collection. J’ai toujours préféré, pour les hommes, les pantalons à taille basse. Beaucoup de sneakers ultra chic, plutôt que des mocassins. Car il faut aller vite, marcher vite. C’est la crise. Mais aussi de sublimes bottines inspirées des bottes de motard (exemple ici). Les détails des autres accessoires valent le détour avec par exemple des gants faits de pièces de cuir de différentes couleurs.
Photos : le blog de l’homme urbain. Copie interdite. Toutes les photos ont été prise avec un canon EOS 600D.
Luxueuses chez Mugler avec un modèle en jacquard de soie, dissymétrique avec une moitié cape, une moitié veste chez Mugler encore. Façon poncho ou rappelant la cape d’un vampire chez Agnès b . Portée comme un gros plaid de laine chez Damir Doma. Taillée comme un manteau chez Dior Homme. Sophistiquée dans sa coupe et sa modularité avec des manches de fourrures amovibles chez Walter Van Beirendonck… Les défilés des collections homme hiver 2012 ont dévoilé des capes pour homme sous toutes sortes de formes.
L’une des tendances qui m’a le plus frappé lors de la fashion week parisienne de présentation des collections homme de l’hiver 2012, ce sont des silhouettes mastoque. Des manteaux et blousons surdimensionnés, énormes, très larges d’épaules. Cela donne aux hommes qui les portent une allure « sûr d’eux-mêmes ». Ils ont un peu l’air de sur-hommes, conquérants. Ou bien tout au contraire, ils ont l’air de bidendums emmitouflés dans leur couette pour se protéger du monde extérieur.
Cette tendance a débuté l’année dernière avec le défilé Gaultier et ce look de mastodonte.
Gaultier hiver 2011
Ce look Mugler, parmi beaucoup d’autres, aux épaules larges et rondes
Mugler
Juun J. a proposé essentiellement des silhouettes de ce type
Concernant les blousons, manteaux, parka, trenchs, doudounes pour homme, les tendances mode de la saison se montrent très variées. Pour les doudounes, deux nouveautés émergent : les doudounes sans manches (Tommy Hilfiger) et les doudounes très fines (Lanvin et Benetton), à la limite du blouson matelassé. L’objectif est de créer un look plus urbain et moins sports d’hiver. Le matelassage est d’ailleurs l’une des autres stars de cet hiver, que j’ai évoquée dans un article sur les blousons de cuir. L’idée est de créer une sorte de carapace protectrice (Pellizzari). Même idée de protection des agressions extérieures avec beaucoup de blousons et parkas pourvus d’un col en fourrure (Barnabé Hardy, Burberry, Benetton) ou d’une capuche bordée de fourrure (Kaporal, Bench). Pour former un cocon de douceur autour du cou ou de la tête. Cette volonté de protection se traduit aussi avec des cols surdimensionnés, qui lorsqu’on les remonte couvrent parfois une partie du visage (Benetton, Bench, Barnabé Hardy). Toujours dans cette idée de lutter contre tous types d’agressions : beaucoup de blousons, trenchs et autres parkas s’inspirent de vêtements militaires (Burberry, Japan Rag, Benetton, Kaporal) : des tenues de combats aux uniformes de cérémonie, avec beaucoup de coupes croisées et des pattes d’épaule.
Autre phénomène marquant de la mode homme : la couleur. On en a tellement marre de la grisaille. Enormément de vêtements affichent des tons très vifs, ce qui ne s’était pas vu depuis des dizaines d’années : Jaune, vert, bleu, orange et surtout des coloris entre le mandarine et le rouge (Dior Homme). L’idée est peut-être de se protéger de la morosité. Enfin dernière tendance : les blousons à carreaux (Tommy Hilfiger) qui font écho à la grande tendance des chemises à carreaux.
Un manteau s’inspirant des trenchs, ces manteaux créés lors de la première guerre mondiale. Les trench-coats, littéralement “manteaux de tranchées”, sont des manteaux croisés. Ils possèdent deux rangées verticales de boutons, des pattes de serrage aux poignets et des pattes d’épaulettes destinées initialement à maintenir la sangle d’un sac ou à tenir des gants, une casquette.
La mode homme revient à la base de la base : le look militaire.
Beaucoup de grands classiques de la mode masculine sont en effet issus de tenues de soldats et d’officiers. Comme les trenchs qui s’inspirent des manteaux de l’armée britannique pendant la première guerre mondiale. « Trench » signifie « tranchée ». Ou bien les khakis, qui au départ, étaient des pantalons de l’armée britannique aux Indes. On trouve cet hiver à la fois des vêtements inspirés de tenues de combats, kaki multi poches, et d’habits de parade inspirés d’uniformes formels : beaucoup de chemises à pattes d’épaules, des chaussures ressemblant à des rangers, de manteaux à double boutonnage et fermeture croisée qui reprennent les codes de costumes d’officiers. De fait, c’est une tendance lourde que l’on constate depuis 3 ou 4 saisons.
Que dit cette tendance mode de notre époque ?
Elle est logique pour plusieurs raisons : La première, que je répète à longueur d’articles sur ce blog, c’est le retour à la virilité exacerbée. Après quelques années de mode androgyne, les styles sont très masculins. La deuxième : c’est la crise, alors on ne prend pas de risque en commercialisant des habits pratiques qui plairont toujours. La troisième semble paradoxale : c’est le besoin de se sentir protégé et l’envie de douceur. Car ces tenues de guerre ne répondent pas à des envies guerrières. Elles ont commencé à être portées par des civils dans les années 60 et 70 dans les mouvements pacifistes qui détournaient les codes de l’armée. S’habiller de kaki, c’est très peace and love. Enfin, un chino ou un treillis sont des alternatives au jean comme pantalon confortable qui se délave.
Asos
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Ce magazine publie des enquêtes sur les tendances mode donnant des explications sur ce qu'elles disent de notre époque. Des interviews de personnalités : acteurs, chanteurs et sportifs, des articles sur la protection de l'environnement, le matériel de sport, les nouvelles technologies, les montres, la gastronomie. Des tests de jeux vidéo. Des conseils pratiques. N° CPPAP : 0125 W 93848.