Alexandre Mattiussi a présenté sa collection AMI dans un décors de transports en commun. Comme pour les saisons précédentes, il s’agit de vêtements du quotidien. De bons basiques, chic, virils. Des manteaux et vestes qui ont de la matière. Des lainages épais. Des blousons de cuirs, des jeans, des cabans. Mais aussi quelques pièces plus originales : un manteau rouge, un pantalon noir et blanc.
Plutôt qu’un défilé, la maison Smalto a préféré une présentation de sa collection hiver 2013 portée par des mannequins évoluant « comme dans la vraie vie ». Sirotant un cocktail en bonne compagnie dans un club de gentlemen, en weekend à la campagne, jouant au casino, se faisant cirer les chaussures ou tailler la barbe… Cela permet de faire de plus belles photos et de voir les vêtements de plus près, d’apprécier les détails.
Au total, 27 looks étaient présentés, créés par Youn Chong Bak. Les grands classiques du vestiaire masculin se trouvent déclinés dans les matières les plus luxueuses et agréables à porter : cuir de kangourou, agneau, croco, cerf, soie, cachemire… un blouson en autruche bleu marine, des pulls de cachemire, une parka en soie et cuir, un pantalon en mohair, un caban en cachemire bleu, un costume croisée pieds de poule, un manteau en cachemire avec un col en vison, une veste croisée en flanelle bleu ciel et veau velours bleu nuit, une veste de smoking col châle en satin noir, un trench en cachemire beige.
Les vestes sartoriales, de l’italien sartore, tailleur, sont près du corps, avec une épaule tournée vers l’avant pour qu’elle ne fasse pas remonter le col derrière la nuque. Les revers ont un cran parisien : ils sont tracé à l’équerre pour souligner le graphisme. Des détails bi-matière relèvent certains revers.
« L’homme Dior regarde maintenant vers l’avenir, et il est optimiste », explique Kris Van Assche, directeur artistique de Dior Homme. Ses maîtres mots sont rigueur, calme et contrôle.
Le créateur a voulu une silhouette plus athlétique et forte que les saisons précédentes. L’accent est mis sur la construction de l’épaule et la taille marquée par une ceinture. La collection est extrêmement épurée. Beaucoup de coupes près du corps, notamment les T-shirts et pulls fins. Les vestes à 3 boutons se ferment très haut. D’autres sont zippées. Les manteaux quand ont eux ont la plupart du temps une fermeture croisée à double boutonnage. Certains, reprenant les codes du trench, ont très clairement une inspiration militaire. D’autres sont zippés. Ils sont coupés très près du corps. Les couleurs se limitent à des gris, noir, blanc, bleu et violet. Comme motif : des triangles, que l’on a vu dans d’autres défilés comme celui de Mugler. Ici, ils sont entourés d’un cercle.
Comme mes photos étaient assez mauvaises, j’ai démandé au service de relation presse de Dior Homme de m’envoyer leurs photos du défilé. J’en ai choisi 7, suivies de 8 photos que j’ai prises.
La collection de Boris Bidjan Saberi, hiver 2013, se caractérise par des couleurs sombres, notamment du noir, et des coupes asymétriques, des fermetures en biais. L’ensemble est extrêmement viril. Avec des manteaux noirs ceinturés à fermeture croisée. Des pantalons amples, parfois asymétriques, des vestes sans col, ou avec des cols qui rappellent les manteaux de marins ou de corsaires. Les détails se montrent très travaillés, avec par exemple un blouson de cuir dont la fermeture éclair en biais se prolonge par celle du pantalon.
La collection s’intitule « Choose life », une référence à Trainspotting. Kris Van Assche s’adresse à la jeune génération qui s’affranchit des codes vestimentaires imposés. « Tu es ce que tu portes », explique le créateur. La collection montre la contradiction qui existe entre la personne qu’un homme était quand il était plus jeune, avec ses espoirs et ses rêves, et celui qu’il pense devoir être quand il devient adulte. « Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas garder un peu des deux dans ce que l’on est ».
Pour l’hiver 2013, le créateur propose ainsi à la fois des vêtements formels avec chemises, vestes, pantalon de laine sèche et d’autres plus « sport » avec des sweaters à capuche et joggings. Enfin ce n’est pas tout à fait ça… Presque toutes les pièces présentées sont des sortes de mashup entre 2 types de vêtements : comme coupés en deux avec par exemple de maille de laine torsadée en haut et le bas est une chemise de coton. D’autres sont des demi sweaters en molleton en haut et chemise en bas, ou bien veste de costume, et inversement. Même chose avec les pantalons : mi formel mi pantalon d’entrainement. Des pulls combinent sous forme de très larges bandes des points de tricots différents et des couleurs de laines contrastée : blanc crème, gris, anthracite. Toujours cette même idée avec les chaussures qui sont des hybrides entre derby et baskets.
Le coréen Juun J est l’un des créateurs les plus en vue. L’un des plus brillants. C’est un virtuose du tayloring. Ces coupes sont précises, parfaites.
Pour cette collection homme, il se renouvelle pour coller au plus près de l’une des tendances de l’hiver 2013 qui pousse le curseur le plus loin possible dans le maximal et le minimal.
Des blousons aux épaules les plus larges possible avec un minimum de superflu, un minimum de couleur, aucun imprimé,… sauf dans les derniers passages avec justement des imprimés seapunk maxi, énormes, voyants sur des sweaters et blousons. Opposition encore entre une veste ou un manteau minimaliste, droits et près du corps portés avec des pantalons larges, fluides, flottants. Cette silhouette est parfaite.
Juun J s’inscrit dans le retour de l’ultra urbain annoncé pour l’hiver prochain. Chaque passage est une variation subtile sur ce thème. Entre sartorialiste exigent et rebel prolétaire avec des références au workwear, à l’époque punk des années 80 : bombers, parkas neo army, blousons zippés, combinaisons. Il revisite aussi le perfecto et le teddy. Certains sont sublimes avec le corps de cuir et manches de satin. Les cols sont gigantesques ou absents.
Certains bombers ou vestes en jean sont portés sur des manteaux. Puis il parvient à réaliser l’impensable : des mashup entre trench et bomber, entre teddy et veste, entre teddy et parka… Spectaculaire !
Ces vêtements que tout oppose sont fondus en une seule pièce.
Ce qui me frappe le plus en regardant la collection homme hiver 2013 de Dries Van Noten dans son ensemble c’est sa cohérence. Dans presque tous les passages, il utilise des tissus qui semblent venir d’un tapissier. Que ce soit pour des pantalons, des chemises, des manteaux, des vestes, on retrouve des imprimés ou des jacquards très forts. Certains avec des motifs cachemires, d’autres qui se rapprochent du mouvement seapunk avec quelque chose d’abstrait, bleu, indigo, qui évoque très vaguement des fonds marins.
Quelques total looks, mais en général, ces vêtements sont associés avec d’autres habits unis : des pantalons en cuir cloutés, des vestes, un long manteau noir en drap de laine, des blousons matelassés, parfois sans col. Beaucoup de peignoirs ultrachics, vieux dandy. Certains passages me rappellent une tendance de l’hiver 2009 dans la mode pour femme. Avec cet étrange stylisme : Des vêtements qui semblent avoir été enfilés à la va vite au hasard. Comme ces stars d’Hollywood photographiées par des paparazzi sortant leur poubelle en pyjama ou peignoir et veste de costume ou manteau.
Kolor : Beaucoup de vêtements faits de l’assemblage de plusieurs tissus ou de différentes mailles. Des tons neutres, gris, noirs ou marrons pour les pantalons, vestes et manteaux. Avec en touches des couleurs ultra vives voire fluo pour des pulls, écharpes, doudounes. Des manteaux à fermeture croisée, un duffle coat. Les pantalons sont souvent amples et souples.
Sacha Walckoff, créateur de la collection Christian Lacroix homme, définit son défilé comme « une idée d’uniforme mais sans uniformité, de rigueur mais non dénuée de fantaisie ».
Le travail est l’une des principales inspirations avec des combinaisons parfois comme tachées de peinture ou bleu mécano, des tenues de cadre, d’ouvriers du bâtiment ou de travaux public, d’artiste, architecte. Des manches de chemises caoutchoutées. Quand ce n’est pas le travail, les vêtements sont très urbains avec des bombers zippés, des sweaters.
Mais dans le détail, la collection se montre très luxueuse avec par exemples, un over-shirt de soie, un coupe vent d’astrakan, un paletot en vison éjarré encre, un veston ou un manteau en kabig de laine et cachemire.
Walter Van Beirendonck est l’un de mes créateurs préférés. Il m’a fallu du temps pour apprécier sa collection hiver 2013 « Shut your eyes to see ». Notamment à cause de ces décorations d’oreilles et ces lèvres portatives que je n’ai pas comprises. Globalement, les vêtements sont très festifs avec des vestes, chemises et pantalons brillants, des fils de pompons de pompom girls. Ridicool avec des pulls aux jacquards patchwork qui semblent avoir été tricotés par une vieille tante. J’adore les pantalons fluides et amples. La coupe des vestes est parfaite.
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