Dans les rues de Paris, depuis quelques mois, j’ai remarqué que de plus en plus de jeunes portent une salopette, en jean, souvent avec une bretelle défaite ou les 2, avec un T-shirt en dessous. Voilà un vêtement bien discriminant, que seuls les jeunes peuvent porter sans passer pour un papy de la campagne. Au départ c’est un vêtement de travail, créé en 1844 par un certain Louis Lafont à Lyon. Il évoque les charpentiers, ébénistes, agriculteurs. Coluche l’a rendue populaire faisant de ce vêtement son costume de scène en 1974. Elle entre dans le champ de la mode l’année suivante, en 1975, en apparaissant dans la collection d’agnès b. Coupée dans une toile robuste en denim, elle se caractérise par un pantalon taille haute, qui se prolonge par une une sorte de tablier ventral tenu par des bretelles, avec une large poche qui au départ servait à ranger un mètre pliant.
On en trouve de différentes couleurs cet hiver : le plus souvent bleu jean, mais aussi rouge brique, jaune moutarde, motif camouflage kaki, noir. Certains modèles inspirés de la tendance grunge de la fin des années 80 sont usés, déchirés, rapiécés.
Parmi tous les défilés de mode auxquels j’ai assisté lors de la fashion week de présentation des collections homme de l’automne hiver 2016, voici mes passages préférés, avec mes photos personnelles.
Lanvin : Lucas Ossendrijver a présenté des pulls fins sans manche et des vêtements ouverts laissant apparaître les torses nus : gilet déboutonné, veste en jeans dézipée, chemise ouverte…
Balmain : Olivier Rousteing a présenté un déploiement de richesse, de magnificence avec des broderies brillant de mille feux. Des vestes de style officier, des cuirs matelassés.
Dior Homme : Kris Van Assche a présenté des vêtements avec des volumes en contraste, notamment des pantalons amples portés avec des vestes ajustées. Ce pull à col roulé et jacquard scandinave.
Thom Browne : Des matières luxueuses dans toute leur splendeur, certaines associées traditionnellement à la Haute Couture : des manteaux de fourrure de castor ou d’astrakan, un tailleur en lainage bouclette.
Paul Smith revient sur les codes de sa marque, avec le tailoring britannique qu’on lui connaît, des rayures et des imprimés.
Walter Van Beirendonck : une collection inspirée du monde animal sauvage.
Wooyoungmi : Ce manteau qui doit être en drap de cachemire
Mihara Yasuhiro : La collection comprend des pièces comme celles-ci qui semblent usées, brulées, portées par quelqu’un vivant à la rue, raccommodées.
Blouson de cuir sans col, très ajusté
Agnès b qui concentre dans ce look l’élégance d’un homme parisien avec un manteau à fermeture croisée, une casquette de laine, une écharpe à carreaux, des gants de cuir.
Les tenues militaires inspirent la mode homme tous les ans, mais c’est particulièrement vrai cette année. Le kaki est très présent. Cette tendance s’explique aisément : Avec l’Etat d’urgence, nous croisons sans cesse des patrouilles de soldats en treillis camouflage jeunes et sportifs, au service de notre sécurité. Beaucoup d’hommes souhaitent s’identifier à ce qu’ils représentent. Mais il s’agit toujours d’interprétations. Les imprimés camouflage sont retravaillés, par exemple chez Esprit de manière géométrique. On voit aussi beaucoup de détails rappelant des uniformes d’officiers, des tenues militaires d’apparat, des exemples chez Balmain, Burberry, Alexander McQueen.
Parmi les autres couleurs à la mode, le bleu ciel dans toutes ses déclinaisons possibles, l’indigo, le gris, le brun ; et le rouge, comme l’hiver dernier.
Beaucoup de tendances de l’année dernière sont reconduites : On trouve ainsi beaucoup de blousons de type « aviateur » bombers, parfois brodés à la manière des sukajans blousons japonais sans col, des blousons matelassés, et de grosses doudounes. Des manteaux en mouton retourné et des duffle coats. Ainsi que des pantalons de survêtement qui dans les lookbooks sont associés avec tous types de vêtements, même des vestes de costume… On voit aussi de plus en plus de combinaisons et des salopettes, des pièces pas faciles à porter mais adoptées par certains jeunes.
La mode continue à puiser dans le style des années 70 : pulls col roulé, chemises à manches évasées, imprimés floraux, motifs hippies, amérindiens, velours lisse. Et dans celui des années 90 : grunge, survêtements, baggy.
Ainsi, on trouve beaucoup de blousons d’aviateur de type bombers ou matelassé. Pour les manteaux : du mouton retourné et des duffle coats, manteau en drap de laine épais, doublé aux épaules et équipé de deux grandes poches plaquées, doté d’une capuche et surtout reconnaissable à ses attaches, très particulières, faites en petits cônes incurvés de bois appelés brandebourgs. Des pulls à col roulé. Des vestes à 2 ou 3 boutons. Des doudounes de bibendum.
Parmi les motifs, essentiellement des chemises : des carreaux qui sont incontournables tous les hivers, carreaux écossais ou de bûcheron.
Beaucoup de couleur kaki, cette couleur est depuis très longtemps à la mode, mais c’est encore plus vrai cette année. Le fait de croiser des militaires dans la rue contribue peut-être à sa popularité. Du bleu ciel dans toutes ses déclinaisons possibles très présent chez les créateurs. Du rouge, comme l’hiver dernier.
Du coté de la mode pour jeune homme, des sukajans, ces blousons japonais sans col comme les bombers, avec des motifs brodés, des Tee-shirts imprimés, joggings de molleton, et vestes en jean. Les pantalons de survêtement, en tous les cas dans les lookbooks, se portent avec tout et n’importe quoi : blouson, vestes de costume… Blouson, chemise et pantalon à voir sur Best Style.
On voit aussi de plus en plus de combinaisons et des salopettes. Et oui J.
En regardant plus en détail, on relève des évocations des années 70 avec par exemple des chemises à manches évasées ou des imprimés floraux. Une évocation des tenues hippies, des motifs amérindiens. L’utilisation du velours lisse, plus que du velours grosses raies. Cette tendance apporte souvent une touche de féminité aux tenues d’homme. A l’opposé, beaucoup de maisons présentent des propositions très viriles, rappelant les uniformes d’officiers avec notamment des boutons métalliques.
Parmi les marques de luxe et de créateurs, beaucoup de ceintures, accrochées, suspendues un peu partout sur les vêtements. Cette tendance se retrouvera aussi dans les collections de l’été 2017. Ça évoque des ceintures de sécurité ou le bondage.
Voici quelques photos prises lors de la fashion week homme à Paris d’hommes venus assister aux défilés. Certains de leurs looks collent au plus près des tendances modes actuelles. D’autres viennent avec des vêtements des créateurs dont ils verront les défilés au cours de la journée. D’autres encore profitent de la fashion week pour porter quelques pièces fortes qu’ils n’ont pas souvent l’occasion de porter. Quelques personnes enfin viennent déguisées avec des costumes dignes d’un carnaval.
Blouson « Curvy line » en viscose avec un imprimé aux lignes ondulées porté avec un bermuda, une chemise et des baskets « Sonic ». Kenzo.
Il y a quelques jours, je vous exposais ici toutes les tendances de la mode homme de cet été. Mais j’en ai oublié une : celle des vestes en jean blanches. Le blanc est une couleur de l’été, c’est vrai tous les ans, mais les vestes en denim dans ce coloris étaient assez peu courante alors qu’il y en a énormément cette année. Cette tendance vient peut-être d’une envie de pureté, de propreté, d’innocence qui sont associées symboliquement au blanc.
Les pilotes d’avion de chasse ou de bombardier renvoient l’image d’hommes sûr d’eux, virils, aventuriers. Sans doute pour cette raison, leur blouson, le bomber revient régulièrement à la mode.
Au départ, le bomber, ou flight jacket, est une déclinaison en nylon du blouson de pilote de l’armée de l’air américaine créée dans les années 50 : le MA.1 d’Alpha Industrie, fournisseur officiel de l’US Air Force. Dans les années 60, ce fabricant commence à le proposer en version civile. Les pilotes de la British Air Force portent un blouson similaire et les images télévisées de la guerre des Malouines dans les années 80 vont le faire connaître au grand public. Il est alors adopté par la classe ouvrière et par le mouvement skin head, puis il se diffuse dans les années 90 dans les mouvements hip hop aux Etats-unis, Gabber en Europe et dans le milieu gay. Le Gabber c’est cette musique techno néerlandaise au bpm ultra-rapide qui a ensuite gagné toute l’Europe, mais pas tellement la France. Je me souviens juste d’un hit de 1996 : Nighttrain de Kadoc.
Beaucoup de marques en proposent cet été. A coté des modèles reprenant tous ses codes : matière nylon, bords-côtes, poche zippée sur une manche, poches en biais pour les mains, on trouve aussi beaucoup d’autres blousons qui s’en éloignent avec du coton, des imprimés, etc. jusqu’au point où je ne sais plus si ce sont des bombers ou pas. Un autre blouson, qui a beaucoup de points communs avec le bomber, est très à la mode cet été : le sukajan, blouson du souvenir japonais.
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