Les pilotes d’avion de chasse ou de bombardier renvoient l’image d’hommes sûr d’eux, virils, aventuriers. Sans doute pour cette raison, leur blouson, le bomber revient régulièrement à la mode.
Au départ, le bomber, ou flight jacket, est une déclinaison en nylon du blouson de pilote de l’armée de l’air américaine créée dans les années 50 : le MA.1 d’Alpha Industrie, fournisseur officiel de l’US Air Force. Dans les années 60, ce fabricant commence à le proposer en version civile. Les pilotes de la British Air Force portent un blouson similaire et les images télévisées de la guerre des Malouines dans les années 80 vont le faire connaître au grand public. Il est alors adopté par la classe ouvrière et par le mouvement skin head, puis il se diffuse dans les années 90 dans les mouvements hip hop aux Etats-unis, Gabber en Europe et dans le milieu gay. Le Gabber c’est cette musique techno néerlandaise au bpm ultra-rapide qui a ensuite gagné toute l’Europe, mais pas tellement la France. Je me souviens juste d’un hit de 1996 : Nighttrain de Kadoc.
Beaucoup de marques en proposent cet été. A coté des modèles reprenant tous ses codes : matière nylon, bords-côtes, poche zippée sur une manche, poches en biais pour les mains, on trouve aussi beaucoup d’autres blousons qui s’en éloignent avec du coton, des imprimés, etc. jusqu’au point où je ne sais plus si ce sont des bombers ou pas. Un autre blouson, qui a beaucoup de points communs avec le bomber, est très à la mode cet été : le sukajan, blouson du souvenir japonais.
Après le rouge, je vous présente une autre couleur de cet été : le kaki.
Depuis des années, il revient chaque saison, hormis une petite pause en 2015 où on le voyait un peu moins. Très viril, c’est un indémodable de la mode masculine. Facile à porter, il se marie avec beaucoup d’autres coloris. il peut à la fois évoquer l’armée, sur des vêtements de type uniforme militaire. L’esprit baroudeur, avec des vestes de safari multipoches (AllSaints), des pantalons cargo. Les gentleman anglais à la campagne avec des blousons matelassés de chasseur ou d’épaisses vestes de laine (Boggi). Mais toutes sortes d’autres vêtements venant d’autres univers sont proposés en kaki : parka et bombers (G-Star), petit blouson d’été en nylon (Orlebar Brown), chino (Strellson), caban revisité (Diesel), chemise (J.Crew)
On retrouve cette couleur le plus souvent sur des tissus unis, mais aussi sous forme de motifs camouflage. Ils sont omniprésents dans la mode depuis des années. Et sous forme d’évocations de fleurs et végétaux tropicaux (Kaporal, Napapijri).
L’une des couleurs à la mode dans les collections homme de cet été est le rouge, couleur qui symbolise la passion, le sang, le danger, la chaleur,…. Comme l’été dernier, ce coloris est notamment très présent parmi les pantalons. Voici quelques exemples.
Pour l’automne hiver 2016, Paul Smith revient sur les codes de sa marque, avec le tailoring britannique qu’on lui connaît, des rayures et des imprimés.
Les rayures sont emblématiques du style Paul Smith. Elles apparaissent souvent dans cette collection, mais de manière discrète, avec souvent une seule rayure verticale sur les tricots en cachemire, la longueur des manteaux, des vestes et pantalons.
Les motifs sont des dinosaures, des pèches et des imprimés cachemire. Les dinos sont imprimés ou apparaissent sous forme de jacquards en relief. Les pèches sur des bombers rappellent que Paul Smith a été l’un des pionniers de l’impression photo sur tissu.
Le manteau Epsom est la pièce maîtresse de la collection. Il est décliné de différentes manières : tout doux avec l’aspect d’un peignoir, en mouton retourné. En cachemire, arrivant sur ou sous le genou, avec revers et revers crantés, simples ou double boutonnage et fermeture croisée. Souvent dans des couleurs très vives et contrastées avec notamment l’association de rouge et de vert.
Avec des pulls fins sans manche et des vêtements ouverts laissant apparaître les torses nus, Lanvin table sur un hiver doux : gilet déboutonné, veste en jeans dézipée, chemise ouverte… Parmi mes pièces préférée, un manteau en voile de laine aiguilleté et plissé, construit en double face, imprimé de mini pied de poule et contrasté de carreaux sur la doublure, porté à même la peau juste noué comme un peignoir,…. Les vêtements qui tiennent chaud sont néanmoins présents comme ce blouson orné d’un patchwork de suède et de veau façon poney. Ou un blouson en mouton retourné. Les volumes sont larges, les pantalons amples.
« Pour ses dix ans à la direction du style homme de la maison Lanvin, Lucas Ossendrijver a choisi de replonger son regard au cœur de son métier : le vêtement ». Larges surpiqures apparentes, chemises imprimées façon patchwork puis sur-teintes à la main, manches de vestes construites à l’envers au gros fil, ceinture cachée, manteau de fourrure orné d’anneaux de métal et de lanières de cuir ou entièrement monté à l’envers. Le luxe se laisse percevoir dans détails.
(Les 2 premières photos proviennent du service de relation presse de Lanvin).
Dans un décor de skate parc rouge et lumineux, en contraste avec un énorme lustre qui le surplombe, la collection Dior Homme hiver 2016 montre un homme qui se souvient de ce qui l’a forgé dans sa jeunesse.
Au sujet de la collection, Kris Van Assche explique : « La notion d’hybride irrigue la collection. Aujourd’hui, personne ne rentre dans une seule case. La pluralité domine nos existences, ainsi, cette saison, la mémoire de la culture new wave se mêle à celle du skate sans oublier les traditionnels pour s’ancrer dans une modernité ».
La collection montre des vêtements avec des volumes en contraste. Des pantalons amples portés avec des vestes ajustées. « Les carreaux noirs et rouges, les pièces issues du workwear répondent aux icônes de la new wave, du trench au polo via le jean. La chemise de popeline blanche reprend en volume les motifs de carreaux alors que ses poignets se fendent pour devenir mitaine. Les longs manteaux de cachemire se transforment en matelassé ». Des broderies sur les jeans et les accessoires sont un clin d’œil à la tendance « do it yourself », à faire les choses soi-même. Parmi les motifs : des pulls aux jacquards scandinaves, des imprimés de roses sur des imperméables, jeans et doudounes.
Vêtement rapiécés, troués, déchirés… La collection hiver 2016 du créateur japonnais Mihara Yasuhiro intitulée « The portraits », s’inspire des photos d’August Sander, photographe allemand né en 1876. Il réalisait des portraits documentaires et artistiques de la populations de l’Allemagne de son temps, notamment de la République de Weimar. Pendant la crise économique, ses portraits montraient une population démunie. En raison de son empathie pour les fous, gens de cirque, gitans, les nazis ont détruit ses épreuves, mais il a pu mettre à l’abri ses négatifs.
La collection montre des vêtements raccommodés de manière aléatoire et maladroite. Mihara Yasuhiro a souhaité montrer la beauté de l’inachèvement et de l’irrégularité avec des patches et des trous, qui font ressortir la coté chaleureux des personnes qui portent les vêtements. Il s’est inspiré des vêtements des travailleurs, soldats, paysans, mais aussi des gentlemans de la haute société. Les coloris sont fumés avec du noir, kaki, brun, gris et ivoire. Certains vêtements intègrent aussi des images religieuses du moyen-âge, des photos de beaux paysages, des graphismes mods des années 70, punk des années 80 et des issus de comics américains. D’autres ont été traités dans un bain de sulfite, ou ont des traces de brûlure. Si certaines pièces sont très réussies et représentent des démonstrations de savoir faire avec des assemblages complexes réalisés à la main, quelques vêtements, trop troués et tâchés de brûlures, évoquent les tenues de vieux clochards et sont quasi importables. Comme je l’écris souvent, à titre personnel, j’aime beaucoup les superpositions de vêtements visibles, les écarts de dimensions. Donc malgré le bémol que je viens d’évoquer, c’est l’une des collections de cette saison que j’ai préférée.
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