Qui est Edouard Collin à l’affiche de « Mes adorées » ?

Edouard Collin

Edouard Collin a écrit, et joue seul sur scène, une pièce racontant son enfance difficile. C’est mon spectacle coup de cœur, vu cet été, qu’il rejoue à partir du 15 octobre. Sur un sujet dramatique, mais avec beaucoup de moments très drôles. Pour en savoir plus sur ce comédien, nous lui avons posé des questions sur ce rôle et sur sa carrière d’acteur.

Edouard Collin : « j’ai eu une enfance plutôt difficile ».

Comment réagis-tu à l’annonce de la mort de Marthe Mercadier aujourd’hui ?

Edouard Collin : Ça me rend très triste car c’est en voyant « Le Squat » le 14 février 2001 que j’ai eu envie de faire ce métier. C’était une très grande comédienne. Ça me fait beaucoup de peine. Cette génération de comédiennes de théâtre de Boulevard a disparu : Maria Pacôme, Jacqueline Maillan, Micheline Dax. Cette époque est finie.

Justement ton spectacle « Mes adorées » parle de ton enfance. Que raconte-t-il ?

Le point de départ, c’est que j’avais envie de jouer seul sans dépendre de personne. Un jour quelqu’un m’a dit que j’avais l’air très lisse, de ne pas avoir assez vécu. Or j’ai eu une enfance plutôt difficile puisque j’ai vécu avec ma mère qui se droguait au crack à Stalingrad après le décès de mon père quand j’avais 12 ans. Mes grands-mères, mes adorées, ont pris soin de moi.

Tu joues tour-à-tour tous les personnages ?

Ma mère, mes grands-mères, essentiellement, et mon père, les mauvaises fréquentation de ma mère, d’autres personnages qui sont passés dans ma vie. Et mon propre rôle à différents âges, de 10 à 27 ans.

Quel a été le moteur de l’écriture ?

Je voulais d’abord rendre hommage à mes grands-mères. Et très vite, je me suis rendu compte que le réel moteur de l’écriture était de dire à ma mère ce que moi j’avais vécu. Les parents qui font vivre à leurs enfants ce que j’ai vécu ne se rendent pas compte à quel point les enfants sont des éponges, comprennent et absorbent tout ce qui se passe. Ils le comprennent avec des yeux d’enfants mais ça les marque, ça façonne leur vie d’adulte.

Ta mère l’a vu. Comment a-t-elle réagi, notamment aux rumeurs la concernant ?

Les rumeurs qui sont arrivées à mes oreilles quand j’étais enfant, et que j’évoque à un moment du spectacle, c’est la seule chose avec laquelle elle n’a pas été d’accord. Elle m’a dit : « Non ça s’est pas vrai ». Pour le reste, elle a réagit avec pudeur. Elle a ri énormément. Je l’entendais, elle a un rire très particulier. A des moments que je ne trouve pas drôles. Un rire nerveux. Elle s’est cachée derrière le rire. Elle m’a surtout parlé de ma performance d’acteur. Elle a réagit avec beaucoup d’élégance car elle ne m’a rien demandé de gommer ou d’adoucir. Elle est parvenue, il y a quelques années, à sortir de la drogue.

Avec qui aimerais-tu tourner ?

Avec le réalisateur de « Bac Nord », Cédric Jimenez. Mais aussi Jeanne Herry, Emmanuelle Bercot, des acteurs comme Emmanuelle Devos, Vincent Lindon, Benoit Magimel… Dans des films très humains avec des histoires tout en retenue, sensibles. Je trouve que les français savent très bien faire ça, plus que les grosses comédies. J’ai envie de m’orienter vers un cinéma qui vient du cœur et qui parle directement aux gens.

Comment vois-tu ton avenir ?

Ce qui est drôle c’est que les directeurs de castings pensent souvent que j’ai entre 35 et 40 ans. Car j’ai tourné mon premier film au cinéma il y a 17 ans. Mais je n’ai que 34 ans.
J’ai l’impression qu’un nouveau pan de carrière s’ouvre. D’être au tout début. Les 17 premières années, je les ai vécues comme un apprentissage, ou plutôt une appréhension de ce métier. J’ai appréhendé le cinéma, le théâtre, la télé. J’ai une vue d’ensemble sur ce métier : ce qu’il a de beau, de dangereux, de cynique, d’âpre. 

Maintenant, j’ai l’impression de savoir quitter un projet ou un tournage sans en souffrir, à parvenir à prendre plus de distance. Dans mon jeu, je sais ce que j’ai envie de livrer. Je maîtrise mieux tout ça.

Résa : www.billetreduc.com/

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