Interview de Willy Cartier à l’occasion de son partenariat avec Face Factory

Son visage ne vous est peut-être pas inconnu. Le mannequin Willy Cartier est en effet omniprésent depuis quelques années dans les magazines et défilés. Il joue le rôle de Nico dans la série de TF1, Fugueuse.

Présente toi…

Je m’appelle Willy Cartier, je suis d’origine Vietnamien-Sénégalais-Breton, fils de deux artistes, ma mère danseuse, mon père peintre et écrivain. Je suis comédien et mannequin.

Comment as-tu commencé à être mannequin ?

J’ai commencé à 18 ans, on m’a répéré. De fil en aiguille, je suis entré à l’agence Success Model qui m’a tout de suite signé. Trois mois plus tard, j’ai passé un casting dans les bureaux de Givenchy où j’ai rencontré Riccardo Tisci. Plus tard, il a déclaré dans un magazine que j’étais son préféré et à partir de là j’ai beaucoup travaillé pour Givenchy, Benetton…

Puis j’ai rencontré Jean Paul Gaultier. Je continue à être en relation avec lui depuis l’arrêt de la ligne homme. Il m’invite toujours aux défilés. Un an et demi plus tard, à une soirée, j’ai rencontré Karl Lagerfeld. Le lendemain mon agent m’a appelé pour me dire qu’il voulait me voir. Je suis allé dans sa bibliothèque à Saint Germain. Tout est allé très vite. En trois jours, j’ai dû faire 4 campagnes photographiées par lui : Rolls Royce, Fendi, Double magazine…

Défilé Givenchy hiver 2017

« Mon métier n’est pas une concrétisation de mon combat passé avec mon physique ».

Tout à l’heure je t’entendais dire qu’ado tu étais complexé par ton corps, n’y a-t-il pas un paradoxe de vivre de l’image de ton corps ? Est-ce que ça t’aide d’être mannequin ?

Je ne combats pas mes complexes tous les jours non plus. C’est de moins en moins le cas. Plus je muris, plus je grandis, plus je me concentre sur des buts précis que j’ai envie d’atteindre qui me permettent de moins penser à mon corps. Mon métier, non, ce n’est pas une concrétisation de mon combat passé avec mon physique.

Tu as tourné dans quelques films, as-tu des projets ?

Je pars après la fashion week pendant 2 mois et demi en Bolivie pour tourner un film dont le titre s’appelle Soren. Je jouerai le rôle de ce personnage « Soren ».

Mise à jour 1er octobre 2021 : Dans la série de TF1, Fugueuse, Willy Cartier joue Nico.

En quoi consiste ton partenariat avec Face Factory ?

Leur concept c’est de permettre à des artistes de designer des vêtements qu’ils n’auraient peut-être pas pu trouver en magasins, ou en tous les cas de créer des vêtements qui leur ressemblent vraiment.

Peux-tu me décrire tes 3 créations ?

Il y a un long manteau d’hiver comme je les aime. En cachemire, doublé en soie. Avec un col marin. A l’intérieur, il y a d’un coté une poche simple et de l’autre 4 poches avec un zip dont une est cachée. Sur la manche, une autre poche zippée est presque invisible et dans le dos une grande poche cachée. Le manteau peut servir de « sac à dos ». La veste : Je dansais avant et j’ai toujours été fasciné au théâtre ou à l’opéra de voir à quel point les vêtements peuvent danser avec le comédien ou le danseur. Je tenais à créer cet aspect. J’ai gardé une structure pour le corps mais à partir des épaules, c’est de la soie satinée pour que le vêtement soit sensible au vent et à la lumière.

La veste et le manteau comprennent aussi des anneaux. J’ai demandé à mon amie Tania Petit, créatrice de bijoux, de participer. Il y a des anneaux en argent fait à la main sur lesquels des poèmes ont été gravés. Chaque lettre a été gravée au marteau. Je suis vraiment content d’avoir pu mettre de la bijouterie sur mon vêtement. Sur la manche est cousu un tableau de mon père Jack Servoz sous forme de patch brodé.

Est-ce que ça t’a donné envie de créer d’autres vêtements ?

Oui ! Ce n’est certainement pas ma dernière collaboration. Je me vois aussi créer une salopette par exemple. J’adore tout ce qui est unisexe. Je me pencherais moins sur une jupe ou une robe, mais plus sur une pièce que l’on peut rendre chic et qui est portable par les femmes et par les hommes.

Et des jupes pour homme ? Tu en as porté pas mal…

Oui c’est vrai. J’en ai porté beaucoup, mais à mes yeux, ça reste une vague, un mouvement. Mais je ne pense pas qu’on soit encore dans un temps où c’est accepté de porter ça partout. Je n’en mettrais pas pour sortir, même si je trouve ça très beau. J’adorerais en designer peut-être plus tard, mais pas aujourd’hui.

Comment définirais-tu ton style ?

Je m’habille en sombre. J’ai toujours voulu être comme un personnage dessin animé qui est constamment habillé pareil, avoir une silhouette reconnaissable. Je suis fasciné par les matières noires. J’adore.

As-tu déjà dû porter lors d’un défilé ou pour des photos des vêtements que tu détestais ou que tu trouvais ridicules ?

Oui, ça m’est arrivé. Pour une présentation à New York qu’on m’avait demandé de faire « amicalement ». Je portais des trucs en plastique autour de la taille et du torse et le reste du corps j’étais nu. C’était aberrant. Je ne comprenais pas trop le concept. Nu sous du plastique.

Que penses-tu de la mode actuelle ?

Parfois je me demande ce qui change. A part une belle matière, une « nouvelle forme » entre guillemets puisqu’elles ont toutes déjà existé. C’est juste revu ou remis au goût du jour au bon moment. D’autres fois, je suis plus optimiste, je me dis « Waou », il y a vraiment une nouvelle mode chez les jeunes, un nouveau mouvement, quelque chose se passe.