Interview de China Moses, nouvelle chroniqueuse du Grand Journal
Je profite de l’arrivée de China Moses dans l’équipe du Grand Journal de Michel Denisot sur Canal+ pour reproduire une interview que j’ai réalisée en 2006.
China, amoureuse des chanteuses à fort caractère
Date et lieu de naissance : 1978 à Los Angeles
Enfance à Los angeles, puis banlieue de Detroit, ensuite Berne en Suisse, enfin à Paris et à Garges-lès-gonesse.
Ancienne co-présentatrice avec Mouloud de l’émission Select sur MTV, chanteuse avec 4 albums à son actif, la fille de Dee Dee Bridgewater rejoint l’équipe de Michel Denisot. Elle nous éclaire sur cette culture urbaine noire américaine qu’est le hip hop.
Quand es-tu arrivée en France ?
Ma mère est venue pour le travail à Paris en 1984. Elle est tombée amoureuse de la France et a décidé de s’installer ici comme beaucoup d’artistes américains. J’avais 7 ans.
Comment as-tu découvert la musique, quels sont les premiers disques que tu as achetés ?
C’était sûrement un 45 tours pourri, en pleine période Eurodance. Je crois que c’était Snap « I got the power ». Dans ma famille et dans la culture noire américaine, la musique est omniprésente. J’ai d’abord écouté ma mère chanter quand j’étais encore dans son ventre. Les premiers artistes dont je suis tombée amoureuse sont des chanteuses de blues et de jazz, à fort caractère : Dinah Washington, Etta James, Millie Jackson, Janis Joplin… des femmes atypiques qui n’avaient pas peur de se livrer. Et la première personne à qui je voulais ressembler est Neneh Cherry dont j’ai eu la chance de faire les premières parties en France. L’un des plus beaux moments de ma vie. J’ai découvert toute la culture hip hop très jeune. Je voulais être rappeuse mais je suis nulle pour ça. Je ne sais pas rapper. Tous les noirs n’ont pas le rythme dans la peau. Le chant est plus facile. Au départ, ce n’était qu’un exutoire, puis c’est devenu une passion. Et une vocation. Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas vivre sans chanter.
Qu’est ce que la culture hip hop regroupe ?
« Les 4 disciplines » : le MCing (le rap), le DJing, le B Boying (break dance) et le graphe. Ce sont les 4 éléments principaux. Cette culture est très marquée par l’esprit de compétition. Compétition de MCing, de break dance, etc. Cette culture est omniprésente dans le monde. Les N°1 en ce moment en break dance sont Coréens. C’est donc une culture qui vit pleinement et qui est très riche. Ce que je fais musicalement n’est pas du hip hop mais s’en inspire. J’utilise des samples. J’ai toujours collaboré avec des rappeurs, des DJ. C’est ma culture.
Que penses-tu de la coquetterie des stars du hip hop ?
Chaque culture a ses codes vestimentaires. D’une part, dans le hip hop, il faut montrer sa performance. Tout le monde veut être le meilleur. C’est un vivier de style. Et aux Etats-Unis, la musique c’est du show, c’est l’entertainment. D’autre part, il ne faut pas oublier que la ségrégation n’a été abolie qu’en 1963. Tout l’artifice peut paraître futile, en fait c’est une preuve de son ascension sociale.
Qu’est ce que le R’n’B ?
C’est la pop, la « variété » des noirs américains, un genre musical très large qui va du soul folk à des gens comme Beyoncé. Tout part du jazz et du Blues.
Quel regard portes-tu sur la scène française ?
Elle en est à son début, même si des chanteurs sont là depuis longtemps comme K-Reen. C’est une scène atypique et qui est loin d’être aussi superficielle et figée qu’on le croit.
Quelle est la rencontre qui t’a le plus marqué ?
J’ai rencontré tellement de gens : James Brown, Ray Charles, Elsa Fitzgerald, Neneh Cherry… Ma première grande rencontre, c’est celle de ma mère et de mon arrière grand-mère qui est morte l’année dernière. Sinon, je pense que la rencontre la plus importante, c’est mon petit frère qui est né quand j’avais 14 ans.
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