Comment les uniformes inspirent la mode homme en 2019

En 2019 la mode homme s’inspire des tenues que portent les forces spéciales d’intervention.

Ces 10 dernières années la mode masculine était très influencée par les tenues de combat militaire avec beaucoup de motifs camouflages et treillis kaki. L’influence des uniformes marque un tournant que nous explique le couturier Adrien Escaravage : « Des marques comme Acronym, Kai-otoko, Tobias Birk Nielsen ou même Dior Homme et Louis Vuitton, s’inspirent des uniformes que l’on voit dans les séries TV. Donc en ce moment, il s’agit plus de ceux des groupes d’intervention d’élite de la police, comme le Swat, que de ceux des militaires. Des groupes cagoulés, habillés tout en noir avec des vêtements multipoches, modulables, dotés de doubles zips ». On n’est pas dans l’esprit « aventurier » que l’on peut associer à l’armée, mais plus dans l’intervention rapide de la police.

« L’inspiration des collections est un mélange entre tenue de combat et de sports extrêmes comme l’escalade, le trekking, la chute libre, ajoute-t-il. Elles mettent en avant la solidité des vêtements. Ils sont pourvus de sangles, qui ressemblent à des ceintures de sécurité, et de boucles. On voit aussi beaucoup de gilets sans manche multipoches. Certains semblent tout droit sortis des rayons de vêtements techniques de magasins de sport ».

On trouve ce genre de propositions déclinées de manière luxueuse notamment chez Louis Vuitton qui a présenté des pantalons treillis ultra larges, des gilets, des sweats avec des poches, dotées de scratchs, que l’on peut déplacer. Ou encore un sac « holster ». C’est une sorte de gilet harnais qui permet de ranger une arme à feu. Il est détourné avec des couleurs fluo ou des imprimés. De son coté Dior Homme décline sous toutes sortes de formes une pochette qui s’inspire d’un étui à pistolet. La maison propose aussi par exemple un gilet, en laine et mohairs avec des poches zippées, qui ressemble à un gilet pare-balles. Alyx Studio a présenté aussi un gilet noir avec 2 énormes poches couvrant tout le torse. White Mountaineering une sorte de harnais multisangles.

Histoire et faste des uniformes

Uniformes exposés au Musée de l’Armée

L’influence des uniformes sur la mode ne date pas d’hier. Jusqu’au 26 janvier, le Musée de l’Armée à Paris présente l’exposition « Les Canons de l’élégance » qui montre comment l’ardeur guerrière souvent liée à l’accession au pouvoir, impose le goût du prestige. On y découvre fusils, sabres et casques couverts d’or et pierres précieuses, mais aussi uniformes et vêtements de prestige militaire richement brodés. L’exposition montre comment de grands couturiers se sont inspirés de codes militaires, comme Jean Paul Gaultier avec une robe motif camouflage de combat, Raf Simons ou Dries Van Noten avec un duffle coat.

Raf Simons
Tenue Raf Simons exposée au Musée de l’Armée

Dominique Prévôt, l’un des trois commissaires de l’exposition explique que : « La toute première fois qu’un uniforme est apparu, c’était en 1645 pendant la première guerre civile anglaise pour des raisons économiques ». Habiller tous les hommes de la même manière permet de réduire les coûts. « Auparavant, les soldats allaient au combat avec leurs propres vêtements et rentraient souvent en guenilles du champ de bataille ». Concernant les tenues militaires, un tournant a lieu à la fin de la seconde guerre mondiale. « Les Américains ont équipés les armées alliées de treillis avec une trame particulière le herringbone twill », explique-t-il. Avant, les soldats Français portaient des uniformes en drap de laine.