Avec ses tableaux à l’esthétique souvent inspirée de la Renaissance, le peintre Sacha Cambier de Montravel pose son regard critique sur le monde actuel.
Son œuvre parle de cataclysmes écologiques, de dégradation de la nature, de dissidence, de violence, de drogue avec dans certaines toiles une tension érotique.

Sacha Cambier de Montravel s’inspire esthétiquement de la peinture du XVè au XVIIè siècle. De Van Eyck, Patinir, Bosch, Bruegel, mêlée à une iconographie actuelle, de nombreux symboles parfois énigmatiques et une multitude de détails peints avec minutie sur des panneaux de bois. 
Avec son retable L’Errance de Caïn, il participe à l’exposition du Louvre-Lens Gothique jusqu’au 26 janvier 2026 dédiée à l’art gothique du 12e au 21e siècle, depuis son apparition jusqu’au « néo-gothique » et aux «gothiques » d’aujourd’hui. Avant sa prochaine exposition à la galerie Nathalie Obadia à Bruxelles du 6 novembre au 10 janvier, nous avons rencontré l’artiste peintre dans son atelier. A Paris, il est représenté par la galerie Mor Charpentier.
Photo : droits réservés. Sacha Cambier de Montravel dans son atelier

Qu’est-ce qui t’inspire ta création ?
L’un de ceux que je suis en train de peindre s’inspire de la Vierge du chancelier Rolin de Jan Van Eyck qui est exposée au Louvre depuis sa restauration en 2024. Je m’inspire souvent de l’esthétique de la Renaissance, même si je représente parfois des symboles gothiques. Mais ce qui m’intéresse surtout c’est le discours politique, littéraire, poétique gothique. Par exemple, Les Châteaux de la subversion d’Annie Le Brun. Le roman noir, le roman sadien. Le gothique de la pénombre, de la folie, de la dissidence.
Tes peintures sont pleines de symboles, quels messages fais-tu passer ?
Il est question d’écologie. Et de capitalisme, ce qui englobe la question de l’écologie, de consommation, de consumérisme, de la servitude volontaire, des sites de rencontre sur fond d’enfer de feu de forêt, d’inondations. L’une des peintures évoque le déluge, catastrophe commune à beaucoup de cultures. On sait qu’il s’est passé quelque chose il y a plusieurs millénaires. Je parle d’événements bibliques pour les confronter à la catastrophe actuelle, la montée des eaux. Parmi les tableaux que je vais présenter à la galerie Obadia, dans un décor de neige, les chiens noirs symbolisent la figure de l’homosexuel pris dans le piège du chemsex et de la solitude, des sites de rencontres.
Qu’es-tu en train de peindre ?
J’ai deux toiles en cours. Dans un paysage de campagne une ville est en construction. Je parle ici des paysages défigurés par l’extension de l’urbanisme. Le Léviathan qui se bat dans l’eau symbolise l’Etat, la civilisation, les Lois. Il est pris dans les flots et se bat contre les corbeaux qui sont une figure de dissidence dans la société. Comme dans le film d’Hitchcock où les Oiseaux s’attaquent aux enfants, donc à l’avenir, au reproductivisme, à tout ce que les hommes veulent construire.
Tu peins sur du bois, pour quelles raisons ?
J’ai étudié le dessin contemporain à La Cambre (ndlr : École Nationale Supérieure des Arts Visuels à Bruxelles) où j’ai pris l’habitude de dessiner sur des surfaces lisses avec une plume. Je dessinais des BD. Puis aux Beaux-Arts de Paris, on nous dit qu’il faut peindre sur toile, un support rugueux qui ne me convient pas. Je peins sur des panneaux d’oukoumé de 15 mn, c’est du contre plaqué.
Ce que tu représentes sort de ton imagination ou bien il y a des paysages que tu as vus ?
Les deux. Je conçois et fabrique des objets que j’intègre dans mes peintures. Par exemple, un drapeau noir. Le ciel d’un de mes tableaux s’inspire d’un moment de crépuscule sur la planète Coruscant dans Star Wars. Des arbres ou montagnes proviennent de différentes photos. Certains paysages sont imaginaires.

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