Qu’est ce que le wokisme ?

Le mot le plus recherché de l’année 2024 sur le dictionnaire en ligne du Robert est wokisme. Un mot souvent mal compris et mal employé. Que signifie-t-il vraiment ?

Au fil de discussions, toute personne connaissant un peu le sujet peut se rendre compte que ce mot est souvent mal compris.

Pour certains, il désigne péjorativement ceux qui sont engagés dans les luttes antiracistes, féministes, LGBT ou écologistes.

Alors Wokisme, de quoi s’agit-il ?

C’est un mot américain. Littéralement woke signifie éveillé. Une personne woke est une personne éveillée aux discriminations que subissent des personnes, alors qu’elle même ne fait pas forcément partie de ce groupe de population.

A l’origine wokisme est un mouvement social et politique qui prône l’éveil des consciences face aux discriminations raciales et inégalités structurelles dans la société.

Par extension woke désigne aujourd’hui le fait d’être éveillé à toutes les injustices qu’elles soient ethniques, sexuelles, sociales, religieuses ou autres. Le mouvement intègre aussi des perspectives féministes. Il s’agit notamment d’empathie et de droit, d’être capable de ressentir les blessures et discriminations que vivent toutes sortes de minorités ou populations en raison de leur genre, leur couleur de peau, leur handicap, leur corpulence…

Dans un article publié par The Conversation, Alexandre Frambéry-Iacobone, docteur en droit, écrit : « Derrière cette accusation « wokiste », se trouvent des personnes qui s’ouvrent aux autres, essayent de comprendre les situations particulières, pour les analyser, et proposer des remèdes éventuels ».

Un peu d’histoire

Dans son article « De woke au wokisme : anatomie d’un anathème » paru dans la revue Cairn, le sociologue et politologue Alain Policar rappelle que l’expression being woke apparaît dès 1943 dans un article de The Atlantic qui cite un syndicaliste noir appelant au combat contre l’exploitation économique, pour désigner la nécessité de rester éveillé aux injustices.

  • Le mot wokisme apparait dans les années 1960 aux États-Unis au sein du mouvement pour les droits civiques des personnes noires. Le contexte : Nous sommes depuis les années 50 en pleine ségrégation principalement dans les États du Sud. Des toilettes, des entrées d’hôpitaux et d’autres installations sont séparées pour les blancs et les noirs. Dans certains États, les noirs ne peuvent pas voter ni être élus. En Alabama, les noirs n’ont le droit de s’asseoir que dans les 10 places du fond des bus. En Floride, les écoles pour les enfants blancs et noirs sont séparées. Les mariages mixtes sont interdits. Dans certaines villes du Texas, certains quartiers réservés aux blancs sont interdits aux noirs.
  • En 2008, le mot woke se diffuse grâce à la chanson, Master Teacher d’Erykah Badu, I stay woke.
  • En 2013, suite à l’acquittement de George Zimmerman du meurtre de Trayvon Martin, le wokisme revient avec le mouvement Black Lives Matter (les vies noires comptent) et son slogan « Stay Woke« . Ce mouvement milite contre le racisme systémique envers les Noirs, en particulier les violences policières et les inégalités raciales dans le système de justice criminelle américain.
  • En 2020, le mouvement prend une ampleur mondiale suite au meurtre de George Floyd par un policier à Minneapolis.

Depuis, il s’est étendu pour englober la prise en compte d’autres discriminations que subissent d’autres minorités. Il lutte contre le racisme systémique, pour la défense des droits des minorités, des femmes, des gays, lesbiennes, personnes trans, etc. Il remet en question l’oppression patriarcale et promeut les changements sociétaux progressistes, l’écriture inclusive.

Être woke c’est être attentif aux principes fondamentaux de la démocratie, à la justice sociale, à la condition féminine et à celle des minorités.