Paul Arnaud : Comment de nos jours se lancer dans la musique ?
Interview d’un chanteur qui nous explique comment il s’y prend pour essayer de se lancer dans la musique. Paul Arnaud, que j’ai découvert il y a 2 ans chantant dans la rue, participe actuellement au festival Emergenza.
Site Web de Paul Arnaud :paularnaudmusic.com
Internet a bouleversé l’industrie musicale. D’une part, les maisons de disques gagnent moins d’argent et le secteur a connu un mouvement de fusions entre majors. D’autre part, le Web permet de diffuser sa musique et parfois de se faire connaître. Mais la « vieille école » qui consiste à chanter dans la rue et participer à des concours fonctionne toujours. C’est ainsi que j’ai découvert Paul Arnaud en Septembre 2016 : il chantait aux Halles à Paris, à côté de l’église Saint Eustache. Je le retrouve aujourd’hui en quart de finale du concours Emergenza.
Ce festival se revendique comme le plus grand festival au monde pour groupes amateurs et émergents. Né en Italie en 1991, et il y a 20 ans en France, il existe dans 150 villes dans le monde.
Tu participes au festival Emergenza de quoi s’agit-il ?
Paul Arnaud : C’est un tremplin de musique, une sorte de compétition entre musiciens, groupes ou chanteurs solo. Ouvert à tous les styles : du rap, hard rock, rock, folk, pop, reggae, techno. Ils organisent des soirées dans des salles de concerts à Paris et d’autres villes avec 8 groupes chaque soir. A la fin des prestations qui durent 30 minutes, le public vote à main levée pour faire passer les candidats au tour suivant. Plus les tours avancent plus les salles sont grandes.
A Paris, ça a commencé au Backstage, la salle de concert du O’Sullivan de la Place de Clichy et la 4ème et dernière étape, la finale, sera au Bataclan. Bien sûr il faut présenter un bon concert, mais l’enjeu est aussi de faire venir du monde en réalité. Car si ce n’est pas le cas, tu as peu de votes. Les gens viennent le plus souvent voir les personnes qui les ont convié. Ce qui ne dispense pas de devoir être bon, il faut donner aux gens envie de revenir et de ramener du monde. La première fois, si tu fais venir des amis et que tu es mauvais, ils ne reviendront pas. J’ai passé le 1er tour, le 2ème aura lieu à La Boule Noire, près de la place Pigalle.
Paul Arnaud est arrivé très largement en tête des votes lors de son tour le 12 octobre 2018 au Festival Emergenza.
Prochaine étape : Le 30 novembre à 20h30 à La Boule Noire (Métro Pigalle) 118 boulevard de Rochechouart, 75018 Paris. Plus d’infos: https://www.facebook.com/events/187121005509700/
J’ai vu sur ton compte personnel que tu as fait Supélec…
Oui je suis ingénieur à la base. J’ai une formation d’ingénieur généraliste. Mes études finies, pendant 2 ou 3 mois, j’ai réfléchi au métier de mes rêves et j’ai fini par me dire que c’était d’être musicien. Pendant un an, j’ai essayé de lancer mon projet de musique. Ça consistait concrètement à ouvrir une chaîne Youtube et à poster des vidéos, à créer un site Web. Ensuite j’ai cherché un boulot. Je suis consultant en système d’information, et je continue la musique à côté.
Comment tu t’y prends pour te faire connaître ?
La rue c’est bien pour apprendre à jouer devant des personnes. Ce n’est pas un public fixe, c’est souvent des gens de passage qui ne prennent pas toujours le temps de te rechercher ensuite sur Internet. Donc ce n’est pas forcément un bon moyen de se faire connaître. En revanche, chanter devant ce public apprend à essayer de convaincre le plus vite possible. Car ces personnes ne sont pas là pour écouter de la musique à la base. En direct, on voit leur réaction. C’est très précieux. Pour un artiste, il est très difficile d’avoir un feed back objectif s’il s’adresse à son entourage. La rue donne un avis objectif : si ce n’est pas bon, personne ne s’arrête. C’est surtout pour ça que je l’ai fait. Je l’ai pris comme une formation.
Pour se faire connaître, je pense que le meilleur moyen est de faire la bonne rencontre au bon moment, quand on a un projet assez mature.
As-tu eu des expériences étonnantes dans la rue ?
Oui dans la rue il y a de tout. Il est arrivé en pleine chanson qu’un homme complètement ivre se jette sur moi ou prenne mon micro pour chanter. Un autre jour, des danseurs, pro je suppose, se sont mis à danser. Ce qui a incité encore plus de monde à s’arrêter. C’était un super moment. D’autres fois, sur les Champs Elysées, j’ai eu plus ou moins de chance. Un jour la police est venue me demander de partir. Et un autre, Squeezy m’a filmé et a posté la vidéo sur Instagram, ce qui a fait doubler mon nombre d’abonnés en 2 jours.
As-tu essayé le métro ?
Oui en « clandestin » car dans la métro c’est réglementé. Il y a un casting 2 fois par an. Mais tellement de gens postulent que la RATP ne communique pas les dates. Elles ne sont connues que par bouche à oreille. Dans le métro, c’est très dur. Il y a beaucoup de passage, c’est dans l’obscurité. Je n’aime pas tellement, je préfère la rue.
As-tu contacté des maisons de disques ?
Non, je pense que c’est trop tôt. Je travaille actuellement sur la production de mon premier EP qui devrait sortir l’été prochain. Une fois cette étape passée je commencerai à démarcher.
Dans la vidéo ci-dessous, il prend la chanson de Sting – Shape Of My Heart
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