Vêtement rapiécés, troués, déchirés… La collection hiver 2016 du créateur japonnais Mihara Yasuhiro intitulée « The portraits », s’inspire des photos d’August Sander, photographe allemand né en 1876. Il réalisait des portraits documentaires et artistiques de la populations de l’Allemagne de son temps, notamment de la République de Weimar. Pendant la crise économique, ses portraits montraient une population démunie. En raison de son empathie pour les fous, gens de cirque, gitans, les nazis ont détruit ses épreuves, mais il a pu mettre à l’abri ses négatifs.
La collection montre des vêtements raccommodés de manière aléatoire et maladroite. Mihara Yasuhiro a souhaité montrer la beauté de l’inachèvement et de l’irrégularité avec des patches et des trous, qui font ressortir la coté chaleureux des personnes qui portent les vêtements. Il s’est inspiré des vêtements des travailleurs, soldats, paysans, mais aussi des gentlemans de la haute société. Les coloris sont fumés avec du noir, kaki, brun, gris et ivoire. Certains vêtements intègrent aussi des images religieuses du moyen-âge, des photos de beaux paysages, des graphismes mods des années 70, punk des années 80 et des issus de comics américains. D’autres ont été traités dans un bain de sulfite, ou ont des traces de brûlure. Si certaines pièces sont très réussies et représentent des démonstrations de savoir faire avec des assemblages complexes réalisés à la main, quelques vêtements, trop troués et tâchés de brûlures, évoquent les tenues de vieux clochards et sont quasi importables. Comme je l’écris souvent, à titre personnel, j’aime beaucoup les superpositions de vêtements visibles, les écarts de dimensions. Donc malgré le bémol que je viens d’évoquer, c’est l’une des collections de cette saison que j’ai préférée.