La masculinité toxique montre de multiples visages avec entre autres des hommes se revendiquant d’Incels ou de mâle sigma. Ces derniers érigent en modèle le psychopathe fictif décrit par Bret Easton Ellis dans American Psycho.
Le 2 juillet 2025, un jeune de 18 ans a été mis en examen soupçonné d’avoir projeté d’attaquer des femmes au couteau. Il est le symbole de l’émergence de l’idéologie « incel » (célibataire involontaire) en France. Il consultait assidument des vidéos d’influenceurs masculinistes sur TikTok. Les Incels, considèrent que s’ils sont célibataires, s’il n’arrivent pas à trouver de partenaire sexuel, c’est de la faute des femmes, de leur libération et celles des immigrés qui les leur « volent ». Impossible pour eux de se remettre en question, de penser que pour séduire une femme, il leur faudrait être un peu plus charmant, attentionné, doux, à l’écoute…
Cette mouvance est proche des hommes qui se revendiquent de « mâle sigma », un concept distinct du mâle alpha, inventé dès 2010 par l’écrivain américain, militant suprémaciste blanc misogyne Theodore Robert Beale (alias Vox Day).
En zoologie, le terme alpha désigne chez certaines races d’animaux, un individu mâle qui occupe la position dominante dans un groupe social animal. Son ascendant sur les autres lui confère un accès privilégié aux partenaires sexuels. C’est vrai chez les babouins et les gorilles. Tandis que chez les loups, le mâle alpha est souvent le père du reste de la meute. Il joue un rôle central dans la protection et la direction de celle-ci. Mais il n’est pas le seul à assurer sa protection : la cohésion et la survie de la meute reposent sur la coopération de tous ses membres.
Des loups solitaires
Des hommes qui se revendiquent de « mâle sigma » diffèrent du mâle alpha car ils évoluent seuls. Ce sont des « loups solitaires ». Le professeur Samuel Tanner et le doctorant François Gillardin, de l’École de criminologie de l’Université de Montréal précisent que : « L’homme sigma se définit comme un individu centré sur lui-même, ambitieux et discipliné, qui cultive une distance cynique vis-à-vis des relations féminines. Derrière cette image se cachent des représentations nocives des relations de genre, dont la domination et le contrôle par les hommes.»
Leurs recherches reposent sur l’analyse de vidéos diffusées sur TikTok et dont les résultats ont été publiés dans la revue Social Media + Society le 22 janvier 2025. Ces vidéos font la promotion de quatre catégories de comportements : désintérêt, rejet, humiliation et haine à l’endroit des femmes et des autres genres.
Le psychopathe Patrick Bateman comme modèle
En 1991, l’écrivain américain publie American Psycho, un roman qui raconte l’histoire d’un psychopathe, Patrick Bateman, tueur en série, violeur, tortionnaire. Les scènes atroces de tortures sont décrites avec minuties. Ce livre a été adapté au cinéma en 2000.
Les chercheurs expliquent que ce personnage incarne le sigma sous tous ses aspects : solitaire et autosuffisant, effrayant, misogyne, prospère financièrement, nihiliste, athlétique, détaché, soucieux de son apparence physique et partisan d’un système capitaliste agressif où les hommes détiennent le pouvoir. Ils ont comme autre modèle le personnage Thomas Shelby, ultraviolent et sans pitié de la série Peaky Blinders.
Cette masculinité sigma se propage par l’humour et ces figures cinématographiques récurrentes en banalisant leurs comportements égoïstes et violents.
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