Le chocolat barbe à papa va-t-il ringardiser le Dubaï chocolate

Après la mode, Instagram et TikTok bousculent la pâtisserie. Couleurs pop et saveurs exotiques : une vague sucrée envahit les réseaux sociaux. Portée par Instagram et TikTok, une pâtisserie virale bouleverse les codes traditionnels. Derrière ces tendances ultra visuelles, une génération de consommateurs connectés redéfinit la manière de créer et de consommer.

Après les donuts multicolores, les gaufres en forme de quequette et de vulve, le chocolat de Dubaï (une barre garnie de kadaïf et de pistache) que certains articles annoncent comme déjà ringardisé par le chocolat à la barbe à papa, voici les franuis (framboise enrobées de chocolat) et l’ube latte, boisson violette qui vient des Philippine à base d’igname. Dans les vitrines de certaines pâtisseries françaises, les couleurs explosent et les formes intriguent. Les douceurs qui ciblent les ados ne sont plus seulement à déguster : elles sont à voir, partager, viraliser. Portées par Instagram et TikTok, elles provoquent un changement des comportements d’achat.

L’esthétique, la viralité et la réactivité dictent les tendances

Ce phénomène trouve sa source dans une génération ultra-connectée, avide d’expériences visuelles et instantanées. Sur TikTok, il suffit d’une vidéo bien montée et d’un effet de surprise pour transformer un produit confidentiel en meilleure vente. En peu de temps, un nouveau produit peut conquérir les rayons des grandes surfaces. Le peu ragoûtant chocolat de Dubaï est maintenant très présent en grande surface, souvent au niveau des caisses, à des prix exorbitants. Pour les commerçants, cette accélération impose une agilité nouvelle.

Même les grands pâtissiers et chocolatiers ont succombé à la mode du chocolat de Dubaï

Les tendances pâtissières existent depuis longtemps, notamment à Paris où l’on a vu ces 30 dernières années de mode arrivant par vague, avec à chaque fois l’ouverture de nombreuses boutiques. On peut citer les modes de la déclinaison en multiples parfums des macarons, des éclairs, des babka. Mais ces modes se basaient sur des pâtisseries anciennes, déjà existantes et duraient quelques années. Là, il s’agit de produits inédits et visuellement instagramables.

« TikTok a profondément renouvelé l’imaginaire pâtissier en favorisant l’émergence de tendances collectives, souvent issues d’espaces marginaux ou inattendus », explique des universitaires auteurs d’un article collectif publié par The Conversation.

« En quelques jours, un produit peut émerger sur les plateformes, créer un engouement collectif, et générer une demande immédiate en boutique, explique Ana Seoane Rivas, responsable du marché français chez Faire, plateforme qui met en relation les créateurs et les artisans avec les commerces de proximité, nous observons une nouvelle génération de commerçants, plus agiles, qui scrutent ces signaux pour anticiper les attentes de leurs client·es, adapter leur offre en temps réel, tester des produits ou lancer des concepts entièrement nouveaux. Certains y voient même le point de départ de leur reconversion professionnelle ».

L’influence des réseaux sociaux ne se limite pas aux nouveautés sucrées. Elle redéfinit aussi la manière de faire de la vraie pâtisserie. Instagram valorise une pâtisserie visuellement impeccable, reflet des signatures comme Yann Couvreur, Nina Metayer, Cédric Grolet, Amaury Guichon.

Comme,le souligne l’article publié par The Conversation « Les pâtissiers renommés dont la signature est au centre des créations, y compris pour les grands classiques qu’ils revisitent. Ces chefs rythment leurs créations selon le calendrier des grandes célébrations ».

Sur TikTok, on valorise plutôt les tutoriels, tests, réactions à chaud, filmés au Smartphone.