Sa rencontre reste l’une des plus marquantes de ma vie professionnelle. Après 30 minutes, elle a fini par retourner l’interview, me poser des questions et me donner ses conseils de vie. Pour rendre hommage à la Reine de la nuit et chanteuse, je reproduis ici cet entretien que j’ai eu avec elle en 2004. C’était à l’occasion de la sortie de son album « Made in Paname » et de son tour de chant aux folies Bergères. Un disque plein de sensibilité et d’humour aux textes très touchants.
Comment avez-vous rencontré Renaud, Marc Lavoine et Marie Nimier, auteurs de certaines chansons de votre nouvel album ?
Régine : Marc Lavoine, je le connais depuis qu’il a 17 ans, depuis ses débuts. C’était un admirateur. Quand nous participions à la même émission de télé, même une heure après son passage, je le retrouvais. « Mais qu’est ce que tu fais encore là ? ». Il me disait « J’attendais que vous passiez. J’adore vos chansons ». Il a épousé Sarah Poniatovski, dont le père était mon meilleur ami et mon témoin de mariage. La vie est curieuse.
Je suis Renaud depuis le début et un jour nous nous sommes rencontrés sur le plateau de Pascal Sevran. Timidement, il m’a dit « vous me faites penser à Frehel ». J’aime beaucoup ce que chante Renaud. Je lui ai dit que j’avais tous ses disques et que j’adorerais qu’il m’écrive une chanson. J’ai été surprise par la tendresse, la sensualité des mots, le charme de la chanson qu’il m’a écrite, « Je viens danser ».
Marie Nimier, je connaissais son père, mort tragiquement très jeune. Elle avait trois ans. Elle, je l’ai rencontrée au festival du film de Cabourg. Elle est venue me voir, sans me dire son son nom et m’a dit des choses très gentilles. Nous nous sommes retrouvés pour ce disque. Sur tous mes albums ont travaillé des écrivains. Jean Rouaud, qui a co-écrit avec Marie, Patrick Modiano et Françoise Sagan.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de relancer votre carrière de chanteuse ?
C’est une envie que j’ai depuis que je suis gosse : être sur scène, chanteuse, exhibitionniste. J’ai ouvert plusieurs boites et quand j’ai dû faire le choix entre la nuit et chanter. J’ai choisi la nuit parce que mon père avait un café à Belleville. Enfant, je me disais « moi, je choisirai les gens qui viendront dans mes endroit et tout à coup le monde s’est ouvert à moi ».
Mais, il y a 10 ans, j’ai commencé à m’ennuyer dans le métier de nuit. Puis cette histoire avec Le Palace m’a vraiment choquée. J’ai décidé de changer de vie. Pierre Palmade m’a aidé. Nous étions des compagnons de nuit. Nous avons une amitié très profonde. Je travaille sur ce disque depuis trois ans.
Quel est votre meilleur souvenir du monde de la nuit ?
Pendant 15 jours j’ai dansé avec Gene Kelly qui était de passage à Paris . Pour une petite fille de Belleville qui regardait les comédies musicales, danser avec Gene Kelly dans sa propre boite, c’était formidable. Parmi mes autres souvenirs les plus forts, des fous rires avec Françoise Sagan.
Qu’est ce qui change dans le monde la nuit ?
Il n’y a plus d’âme, que des gens qui entrent à la queue leu leu en payant 100 francs. Des animateurs ont un listing. Le jeudi c’est untel, le vendredi c’est un autre. Il n’y a plus d’hôte.
Avez-vous conscience du souvenir que laisse le Palace et notamment le GTD ?
Le Gay Tea Dance, c’était très important. La preuve c’est que tout le monde le reprend. C’est l’une des plus grandes soirées.
Comment faites-vous pour dormir si peu, 4 à 5 heures par nuit ? De mon coté, je suis un gros dormeur.
Dès que je m’allonge, j’ai le cafard. Je trouve des prétextes pour reculer l’heure du coucher et me relever. Je téléphone, je lis… Quand j’aurai 75 ans, j’aurai vécu 25 ans de plus que les autres. J’aurais vu et entendu plus de choses que les autres. J’aurais aussi dit plus de conneries. Vous êtes de quel signe?
Capricorne
Capricorne, comme moi. Vous êtes un solitaire qui souffre de solitude. Si vous dormez autant, c’est que vous vous ennuyez. Pour dormir moins, couchez-vous plus tard. Il faut vous amuser plus, voir vos amis plus souvent. Appelez-les ! Je vais vous donner mon numéro de téléphone et vous allez m’appeler.
Un extrait peu connu de l’album Made in Paname, Le Juste (Monsieur Lepetit), une chanson très touchante sur l’homme qui l’a protégée pendant la guerre et l’occupation. Il sera tué par les collabos.
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