A l’occasion des 100 ans de l’Art Déco, une exposition au Musée des arts décoratifs à Paris jusqu’au 26 avril 2026 montre ses nombreuses facettes peu connues du grand public.
Pour le visiteur qui n’est pas expert de l’Art Déco, cette exposition qui montre plus de 1 200 objets remet en cause la vision « Gatsby le magnifique » que l’on peut en avoir avec ses lignes et volumes géométriques, formes éventail dorées aux rayons convergents, paons, bleus et verts noirs.
Elle donne au contraire à voir une très grande pluralité de tendances stylistiques et d’esthétiques. Mais certaines matières reviennent souvent : laque, marqueterie de paille, galuchat, ébène de Macassar, écaille de tortue, émail sur métal, érable de sycomore, porcelaine, faïence et grès, dinanderie (feuille de métal), bakélite, fer forgé, jade, ivoire.
« Il n’y a pas eu de manifeste de l’Art Déco, confirme Mathurin Jonchères assistant de conservation collections modernes et contemporaines du Musée. Celui-ci se réfère à énormément de styles différents. Mais toutes les tendances de l’Art Déco ont pour point commun le fait de schématiser, de rendre plus simples les lignes et ornements. Ce qui rassemble les artistes est le désir de créer des objets adaptés à leur époque, à la vitesse, au bouillonnement des « années folles ».
Certaines s’inscrivent dans la réinterprétation moderne de styles du passé, dans une forme de continuité. D’autres s’inspirent d’objets d’art africains ou de l’esthétique de pays asiatique avec l’utilisation de laques. D’autres encore font des propositions qui n’ont absolument rien à voir avec ce qui a été fait par leurs prédécesseurs avec des lignes très droites, un style épuré, des formes géométriques.
L’appellation « Art Déco » apparaît dans les années 60
A l’époque on ne parle d’ailleurs pas d’Art Déco, mais de style moderne ou de nouveau style. On a conscience qu’il se passe quelque chose après l’Art Nouveau, mais pas qu’on est en train de forger un style aussi différent, qui va autant marquer son époque. L’appellation « Art Déco » n’apparaît qu’au début des années 60 dans le milieu du marché de l’art. En 1966, le Musée des arts décoratif organise une exposition qui pour la première fois utilise « Art Déco » dans son titre, comme expression consacrée pour parler de la période. Certains ne rompent pas avec les styles du passé, mais s’inscrivent.
En photo : Clément Rousseau (1872-1950), décorateur — Chaise
Paris, 1921 Palissandre, galuchat, ivoire, soie. Table à journaux Paris, vers 1921 Ébène, galuchat, ivoire. Clément Mère (1861-1940), décorateur Van den Aker, ébéniste Pare-feu
Paris, vers 1923. Ébène de Macassar, ivoire gravé et patiné, soie brodée.
Ces trois meubles en palissandre, ébène, galuchat, ivoire, soie brodée viennent de l’un des intérieurs les plus luxueux de l’époque, les appartements privés de la Baronne Nelly de Rothschild dans son hôtel particulier à Paris. Elle fait appel au début des années 20 à Clément Mère et Clément Rousseau qui créent un décor comprenant des boiseries, des soies teintées, de l’ivoire, des broderies, un plafond peint par Leonetto Capiello. Du même ensemble, une table en chêne, acajou, placage de bois de rose et d’amarante et ivoire. « C’est une réinterprétation de la table bouillotte du XVIIIème siècle où quatre pieds reliés par un plateau en entretoise avec une alternance de médaillons en ivoire gravé et de plaquette en bronze doré ».
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