L’année dernière était apparu un phénomène étrange et mystérieux, sans être non plus terrible et fascinant : l’apparition en masse, dans les collections de vêtements, dans le luxe et chez les jeaners, de pantalons de jogging en molleton de coton. Il y en avait partout, même chez Hermès. C’était l’inattendu pantalon de l’été, qui répondait sans doute à une envie de douceur et de confort. Bon, y’en a un peu moins cet été.
Voici un exemple avec Strellson, porté avec un blouson de cuir qui s’inspire de loin d’un teddy.
Pour un jeune, acheter son premier blouson en cuir, fait partie d’un ensemble de « premières fois » qui marquent son passage à l’âge adulte. Cette matière a quelque chose de singulier. Même si elle est depuis longtemps adoptée par le grand public, elle reste fortement connotée et liée aux motards, bikers, aviateurs, rockers et fétichistes. Elle évoque la liberté, l’aventure, l’anticonformisme pour les blousons, et l’érotisme pour ce qui est des jupes et des pantalons. Le cuir offre aussi une sensation de protection contre l’extérieur, comme une carapace (et c’est d’ailleurs une réelle protection en cas de chute à moto). Il en existe de toutes sortes. Les blousons sont le plus souvent faits à partir de peaux de bovins (bœuf, buffle, vachette, veau), ovins (agneau et mouton) ou caprins. Il peut être bouilli, plongé, retourné, vieilli, matelassé.
Blouson cuir homme
Histoire du perfecto
Parmi les tous premiers blousons de cuir : le perfecto. A sa création en 1928 par Irving Schott, c’était un blouson en cuir de cheval créé pour les motards. Dans les années 50, c’est devenu l’uniforme des rockers et l’emblème de la culture rockabilly. Il est porté par des stars comme Elvis Presley. Mais, tout autant qu’à la musique, il doit sa popularité au cinéma et notamment à 2 acteurs : James Dean et Marlon Brando.
L’usine de cuir Dag Lavane
En 1957 a été fondée dans la Région Nord Pas de Calais, à Wignerie l’usine de cuir Dag Lavane. Un jour, pour répondre aux demandes des salariés et des riverains, l’usine a organisé une « vente au public ». Le succès a été énorme. Et la réputation de qualité, de solidité et d’élégance des cuirs s’est vite répandue. Les clients ont apprécié acheter des vêtements de qualité à bons prix.
Depuis 1957, Moncuir.com, boutique de Dag Lavane, sélectionne les plus beaux modèles de blousons, vestes, parka, manteau de cuir de grandes marques comme Redskins, Schott, Oakwood, Daytona… avec différents styles et coloris. Et l’usine familiale poursuit son activité de production « maison » dans l’atelier de fabrication où travaillent les équipes de designers, coupeurs et confectionneurs. Le magasin d’usine de 2000 m² offre le plus grand choix de cuirs de la région, à des prix toujours abordables.
Soieries, satin de soie, kimonos, imprimés chinois ou japonnais avec des tigres, des bambous, des cerisiers, des dragons, des temples, veste col Mao et surtout beaucoup de Sukajan jackets, « blouson du souvenir » japonais,… Plusieurs collections homme cet été sont influencées par l’Extrême Orient, notamment la Chine et le Japon.
Beaucoup de bombers dans les collections de l’été 2016
Les pilotes d’avion de chasse ou de bombardier renvoient l’image d’hommes sûr d’eux, virils, aventuriers. Sans doute pour cette raison, leur blouson, le bomber revient régulièrement à la mode.
L’histoire du bomber : un blouson d’aviateur
Au départ, le bomber, ou flight jacket, est une déclinaison en nylon du blouson de pilote de l’armée de l’air américaine créée dans les années 50 : le MA.1 d’Alpha Industrie, fournisseur officiel de l’US Air Force. Dans les années 60, ce fabricant commence à le proposer en version civile. Les pilotes de la British Air Force portent un blouson similaire et les images télévisées de la guerre des Malouines dans les années 80 vont le faire connaître au grand public. Il est alors adopté par la classe ouvrière et par le mouvement skin head, puis il se diffuse dans les années 90 dans les mouvements hip hop aux Etats-unis, Gabber en Europe et dans le milieu gay. Le Gabber c’est cette musique techno néerlandaise au bpm ultra-rapide qui a ensuite gagné toute l’Europe, mais pas tellement la France. Je me souviens juste d’un hit de 1996 : Nighttrain de Kadoc.
Déclinaisons du bomber en 2016
Beaucoup de marques en proposent cet été. A coté des modèles reprenant tous ses codes : matière nylon, bords-côtes, poche zippée sur une manche, poches en biais pour les mains, on trouve aussi beaucoup d’autres blousons qui s’en éloignent avec du coton, des imprimés, etc. jusqu’au point où je ne sais plus si ce sont des bombers ou pas. Un autre blouson, qui a beaucoup de points communs avec le bomber, est très à la mode cet été : le sukajan, blouson du souvenir japonais.
Un teddy un peu revisité. Il garde des codes de ce blouson, les bords-côtes, les boutons pression et l’aspect bicolore avec un contraste entre manches et corps. Et s’en éloigne avec son col inhabituel, et avec ses manches raglan (l’emmanchure monte jusqu’à l’encolure). J’aime beaucoup le stylisme: le fait que le blouson soit porté à même la peau, juste fermé d’un seul bouton sur le torse nu, une manche retrousée, c’est coule. Avec une silhouette si caractéristique de Lanvin : le haut assez cintré et le pantalon très ample, qui évoque un kimono, surtout avec le morceau de ceinture qui pend. Le Japon inspire énormement la mode cette été, j’y reviendrai bientôt.
Voici le descriptif détaillé : Pantalon extra ample en laine technique noire, blouson Baseball en laine technique rouge et beige, bord côte, ceinture boucle « lune » en python mat taupe, collier double multi-maillons avec pendentifs « lune » et « corbeau » en laiton vieilli or, chelsea boots en python vernis vert foncé.
LANVIN _Menswear spring summer 2016 Paris june 2015
Cet hiver, les tenues de ski pour homme sont très sobres, le plus souvent dans des couleurs unies et vives, parfois fluo, avec un contraste fort entre le blouson et le pantalon.
J’aime les looks un peu débraillé avec des vêtements plus longs en première couche qu’en deuxième, des superpositions visibles. C’est ce qui m’a plu dans cet ensemble G-Star d’inspiration militaire avec un T-shirt kaki long porté sur un blouson matelassé court, et encore par dessus, une parka à capuche, un pantalon cargo, des chaussures montantes façon rangers.
Ce blouson, inventé en 1952 dans le petit village de Monastier de Clermont près de Grenoble, se décline sous toutes sortes de formes : fine, grosse, sans manche, longue, courte, bicolore, bimatière, en nylon, avec une partie en cuir, ou en tweed gris, ce qui lui donne un aspect beaucoup plus chic.
A la fashion week, plusieurs marques créatives ont présenté des modèles énormes qui donnent l’impression de quelqu’un sortant avec son édredon. Comme ces dernières années, les marques proposent aussi beaucoup de blousons matelassés, à carreaux ou losanges, avec une inspiration qui se tourne soit vers les blousons de motard, soit vers ceux de la chasse. Cette année, la plupart des modèles sont classiquement bleus ou gris, mais on trouve aussi des coloris vifs comme le rouge, l’orange et le jaune, ce qui est plus rare pour les vêtements masculins.
Chevignon en tweed avec col fourure et des détail en cuir aux épaules et sur les poches.
Eleven Paris avec un col bord cote qui évoque les bombers ou les teddys.
Hackett en tweed avec capuche
Henry Cottons avec un matelassage en forme de losange
Colmar fine à losanges et avec une capuche.
Colmar : Veste matelassée à losanges.
Lee : Encore un modèle à losange mais cette fois avec une inspiration bombers.
Kaporal : de petits losanges carrés pour un blouson d’inspiration motard et militaire.
Marina Yachting : encore des losanges avec un col qui rappelle les cabans des marins.
Henry Cottons avec un modèle sans manche rouge.
Marina Yachting : courte et orange.
Marina Yachting : bicolore rouge et noire.
Bench : fine qui remplace un pull portée sous une parka.
Colmar : bleue inspirée des sports d’hiver.
Element : un stylisme un peu improbable qui présente une doudoune fine bleue.
Mango : bleue sans manche à capuche.
Bachmann : noire à capuche.
Kaporal : doudoune fine sans manche avec 2 tons de bleu.
Japan Rag : noire dont l’originalité est la fermeture zippée en biais.
Marina Yachting : fine verte portée avec un jogging, l’une des grandes tendances de cet hiver.
Qu’on s’intéresse à la mode ou pas n’y change rien : les vêtements sont un langage. C’est la première information que l’on donne aux autres. « Je suis bcbg », « je suis sportif », « je suis motard », « je me fouts de la mode », « j’écoute du hip hop ».
Sur une tenue assez proprette, chemise noire boutonnée jusqu’en haut et costume (notez la veste à 3 boutons – ces dernières années les vestes avaient toujours 2 boutons, mais un passage à 3 se fait sentir, Saint Laurent et Hermès ont déjà présenté des costumes à 3 boutons les saisons dernières), mais très stylée, une veste en cuir néo punk façon porc-épic. Une carapace protectrice qui n’invite pas aux câlins.
Ce magazine publie des enquêtes sur les tendances mode donnant des explications sur ce qu'elles disent de notre époque. Des interviews de personnalités : acteurs, chanteurs et sportifs, des articles sur la protection de l'environnement, le matériel de sport, les nouvelles technologies, les montres, la gastronomie. Des tests de jeux vidéo. Des conseils pratiques. N° CPPAP : 0125 W 93848.