L’art urbain de Guillaume Ortega
Avec la numérisation est née une nouvelle forme d’art pictural utilisant l’ordinateur comme outil de travail. L’image est travaillée comme un collage. Pionnier de cette technique, Guillaume Ortega nous explique comment il travaille et quel est le sujet de son art.
Comment procédez pour créer vos toiles ?
Guillaume Ortega : A partir de visuels de notre quotidien, slogans, images de presse, publicitaires, politiques, que je réorchestre de façon optimiste. Je travaille aussi sur le souvenir. Mon objectif est que quiconque puisse, en regardant une de mes toiles, retrouver un souvenir, un détail qui lui est propre, qui sert de clé pour entrer dans la toile. Et à partir de cette porte d’entrée, découvrir ce qui est autour. Même chose pour les outils de réalisation et les matières. J’utilise ceux qui sont propres à mon temps. Même si je peins à l’acrylique, mes principaux outils sont l’ordinateur, la photo numérique, la giclée (technique d’impression), et la superposition de différentes colles et vernis. Ma technique actuelle s’apparente au collage, le procédé avec lequel j’ai débuté en tant qu’artiste. Je travaille sur les couleurs, car je veux que ce soit gai, frais, facile d’accès. Pour les portraits, je pars d’une photo. Et je mets en scène le visage avec une multitude d’éléments propres à la personnalité de la personne. Cela implique une phase de rencontre où la personne me parle de ses centres d’intérêt, de ce qu’elle aime, etc. J’aime que les gens verbalisent ce qui restait non-dit et que mes toiles servent de traits d’union entre les individus.
Quel est le sujet de vos toiles ?
Je travaille beaucoup sur ce qui est urbain, les tags, les graphes, les affiches, les détails. Je m’attarde sur ce qui m’entoure. Sur les murs je découvre des symboles et des inscriptions, comme ce « Sex », en plein Marais sous une porte cochère, ou ce « Nik la pub », métro Bastille. Des mots qui sont des pointes d’humour ou qui racontent nos histoires et notre époque. Il faut prendre le temps de regarder autour de soi. Je veux être un témoin de mon temps. Montrer ce que tout le monde peut voir. Je ramène la rue chez moi. J’essaie de faire ressortir le positif, le constructif et le beau. Pour cette raison, je travaille sur la couleur.
Comment êtes-vous devenu artiste peintre ?
J’ai baigné dans un milieu où l’art avait toute sa place. Mon père est antiquaire. J’ai toujours aimé les belles choses. Quand j’étais adolescent, j’ai pris des cours au conservatoire et des cours de dessin. Ensuite, j’ai étudié le droit, puis la philo, un an, avant de m’inscrire en médiation culturelle option arts plastiques. J’ai commencé à peindre à l’huile à ce moment-là, et ainsi à m’initier à la couleur. Puis, je me suis mis à beaucoup sortir et à collectionner les flyers et à en faire des collages autour du milieu de la nuit. J’ai travaillé sur les effets de perspective et la mise en scène. Ensuite, je me suis mis à la photo. Parallèlement, j’ai été salarié chez Aides puis à l’Education nationale comme animateur du foyer socioéducatif d’un collège. Ces expériences de terrain m’ont permis d’être confronté à la toxicomanie, à la précarité et de prendre conscience des maux de la société. Le contact avec les ados a ensuite fini de me rassurer sur la nature humaine.
Exposition permanente l’Atelier, 1 rue Nollet, 75017 Paris
Ouvert les samedis et dimanches de 14h à 20h et sur RDV au 06 61 63 18 37 – www.ortega.fr – www.facebook.com/atelier.nollet
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