Alexandre Styker, ange ou démon?
Interview d’Alexandre Styker : « J’aime les vêtements pour pouvoir les enlever. »
Avec son air angélique et ses cheveux blonds, Alexandre Styker joue le diable dans Don Giovanni en Italie. L’acteur vient de réaliser un court métrage contre l’homophobie, il prépare un livre de photos de lui nu, son film Belinda et moi avec Line Renaud sort en DVD, il travaille sur un projet de serial killer… Je l’ai interviewé et photographié dans l’église Saint Eustache à Paris.
D’où vient l’idée de ton court métrage contre l’homophobie ?
Pendant que je jouais en Italie, en France c’était la période du vote du mariage pour tous. Avec ces images très violentes des opposants. J’étais un peu malheureux pour mon pays. Alors j’ai décidé de faire un petit film de 3 minutes avec un réalisateur qui s’appelle Roberto Laureri, comme un acte politique : La rencontre de deux hommes, sur la musique d’un standard italien de Bruno Martino qui s’appelle Estate. Pour montrer qu’un couple de même sexe vit exactement les mêmes choses qu’un couple de sexes différents. Et si on a exactement les mêmes malheurs, nous pourrions avoir aussi les mêmes bonheurs.
Comment as-tu été amené à travailler en Italie ?
Je jouais la pièce de Patrice Chéreau Rêve d’automne au Théâtre de la Ville à Paris. J’ai rencontré Valeria Bruni-Tedeschi qui jouait dans la pièce. Nous sommes parti tourner dans toute l’Europe avec cette pièce. Valeria m’a ensuite donné un petit rôle dans son film Un château en Italie. Dans ce film, joue un acteur qui s’appelle Filippo Timi, qui est aussi metteur en scène et qui m’a proposé de passer l’audition d’une pièce qu’il préparait. Une adaptation de Don Giovanni qu’il a écrite. Valeria m’a convaincu d’y aller. Elle m’a dit : « Regarde ce qu’il fait, il est intéressant ». L’audition durait une semaine. J’étais le seul étranger. Il y avait 10 autres acteurs, italiens. Comme je ne parlais pas italien, je me suis servi de mon corps. J’ai un peu grimpé partout au lieu de parler. Alors que les autres parlaient. Dans le théâtre, le corps est extrêmement important. A la fin de l’audition, il m’a dit : « C’est toi ». Je joue le diable. La création s’est faite à Milan. Ensuite, nous sommes partis en tournée dans toute l’Italie. J’y retourne du 25 au 28 février, à Crémona au théâtre Ponchelli, puis du 1er au 15 mars au théâtre L’Argentina à Rome, et du 17 au 25 à Turin au théâtre Carignano.
Tu as aussi un film qui sort en DVD
Le film Belinda et moi. C’est la rencontre d’une vieille dame, jouée par Line Renaud, et d’une transsexuelle que je joue. J’ai remporté le prix de la révélation masculine au festival des créations télévisuelles de Luchon.
Pourquoi ce livre de photos nu ?
Ce sont des photos de Roberto Laureri prises dans tous les théâtres où je suis passé avec Don Giovanni. Dans cette pièce, j’ai une scène où je suis nu. Le diable vient chercher un corps avec un gâteau d’anniversaire. J’ai un souvenir très précis du silence du public. Tu le ressens presque comme un son. Alors que dans ces théâtres, nous sommes entourés de gens nus, des statues, etc. D’où l’idée de me mettre nu à la place des spectateurs dans ces salles vides. Nous avons commencé comme un jeu. Nous en avons fait une. Elle était très belle et nous nous sommes pris au jeu, dans une trentaine de théâtres. Le livre s’appellera » Narciso in Italia ». Il comprendra des textes de Claudia Cardinale, Valeria Bruni Tedeschi, Arthur Dreyfus, Valeria Golino et Julien Cendres.
Quels sont tes autres projets ?
Je suis dans l’écriture d’un scénario pour le cinéma, sur un serial killer avec Thierry Poda. Je jouerais le serial killer. Et je travaille sur le concept d’une série télé avec 2 personnages addict sexuel.
Parlons de mode
J’aime les vêtements pour pouvoir les enlever. J’adore les grosses écharpes. Les belles matières. Là, je porte une écharpe Crimson et un pull Creed. Pour moi le plus important dans la mode, c’est que les vêtements soient confortables et que la marque ne soit pas visible. Pour moi, c’est insupportable d’avoir un Tee shirt avec un logo. Mon Jean, Levi’s, toujours. Les photos sont de Hervé Lassince avec des vêtements Prada et Lanvin.
Photos : Hervé Lassince
Leave a Comment