La collection de Boris Bidjan Saberi, hiver 2013, se caractérise par des couleurs sombres, notamment du noir, et des coupes asymétriques, des fermetures en biais. L’ensemble est extrêmement viril. Avec des manteaux noirs ceinturés à fermeture croisée. Des pantalons amples, parfois asymétriques, des vestes sans col, ou avec des cols qui rappellent les manteaux de marins ou de corsaires. Les détails se montrent très travaillés, avec par exemple un blouson de cuir dont la fermeture éclair en biais se prolonge par celle du pantalon.
La collection s’intitule « Choose life », une référence à Trainspotting. Kris Van Assche s’adresse à la jeune génération qui s’affranchit des codes vestimentaires imposés. « Tu es ce que tu portes », explique le créateur. La collection montre la contradiction qui existe entre la personne qu’un homme était quand il était plus jeune, avec ses espoirs et ses rêves, et celui qu’il pense devoir être quand il devient adulte. « Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas garder un peu des deux dans ce que l’on est ».
Pour l’hiver 2013, le créateur propose ainsi à la fois des vêtements formels avec chemises, vestes, pantalon de laine sèche et d’autres plus « sport » avec des sweaters à capuche et joggings. Enfin ce n’est pas tout à fait ça… Presque toutes les pièces présentées sont des sortes de mashup entre 2 types de vêtements : comme coupés en deux avec par exemple de maille de laine torsadée en haut et le bas est une chemise de coton. D’autres sont des demi sweaters en molleton en haut et chemise en bas, ou bien veste de costume, et inversement. Même chose avec les pantalons : mi formel mi pantalon d’entrainement. Des pulls combinent sous forme de très larges bandes des points de tricots différents et des couleurs de laines contrastée : blanc crème, gris, anthracite. Toujours cette même idée avec les chaussures qui sont des hybrides entre derby et baskets.
Le coréen Juun J est l’un des créateurs les plus en vue. L’un des plus brillants. C’est un virtuose du tayloring. Ces coupes sont précises, parfaites.
Pour cette collection homme, il se renouvelle pour coller au plus près de l’une des tendances de l’hiver 2013 qui pousse le curseur le plus loin possible dans le maximal et le minimal.
Des blousons aux épaules les plus larges possible avec un minimum de superflu, un minimum de couleur, aucun imprimé,… sauf dans les derniers passages avec justement des imprimés seapunk maxi, énormes, voyants sur des sweaters et blousons. Opposition encore entre une veste ou un manteau minimaliste, droits et près du corps portés avec des pantalons larges, fluides, flottants. Cette silhouette est parfaite.
Juun J s’inscrit dans le retour de l’ultra urbain annoncé pour l’hiver prochain. Chaque passage est une variation subtile sur ce thème. Entre sartorialiste exigent et rebel prolétaire avec des références au workwear, à l’époque punk des années 80 : bombers, parkas neo army, blousons zippés, combinaisons. Il revisite aussi le perfecto et le teddy. Certains sont sublimes avec le corps de cuir et manches de satin. Les cols sont gigantesques ou absents.
Certains bombers ou vestes en jean sont portés sur des manteaux. Puis il parvient à réaliser l’impensable : des mashup entre trench et bomber, entre teddy et veste, entre teddy et parka… Spectaculaire !
Ces vêtements que tout oppose sont fondus en une seule pièce.
Ce qui me frappe le plus en regardant la collection homme hiver 2013 de Dries Van Noten dans son ensemble c’est sa cohérence. Dans presque tous les passages, il utilise des tissus qui semblent venir d’un tapissier. Que ce soit pour des pantalons, des chemises, des manteaux, des vestes, on retrouve des imprimés ou des jacquards très forts. Certains avec des motifs cachemires, d’autres qui se rapprochent du mouvement seapunk avec quelque chose d’abstrait, bleu, indigo, qui évoque très vaguement des fonds marins.
Quelques total looks, mais en général, ces vêtements sont associés avec d’autres habits unis : des pantalons en cuir cloutés, des vestes, un long manteau noir en drap de laine, des blousons matelassés, parfois sans col. Beaucoup de peignoirs ultrachics, vieux dandy. Certains passages me rappellent une tendance de l’hiver 2009 dans la mode pour femme. Avec cet étrange stylisme : Des vêtements qui semblent avoir été enfilés à la va vite au hasard. Comme ces stars d’Hollywood photographiées par des paparazzi sortant leur poubelle en pyjama ou peignoir et veste de costume ou manteau.
Seapunk, ce mouvement culturel qui combine un genre de musique électro, la mode et le design, est né d’un tweet du DJ Lil Internet : « j’ai rêvé d’un blouson de cuir dont les clous ont été remplacés par des crustacés #Seapunk. »
Concernant la mode, ses codes font références à l’univers aquatique de façon psychédélique avec des imprimés de fond marin, des motifs pixélisés, des effets optiques, des dauphins, coquillages, vagues, divinités,… Des cheveux colorés en rose comme Rihanna ou G Dragon, ou bien en bleu, comme Sophie Tith…
Voici quelques exemples de la déclinaison de cette tendance dans les collections pour homme.
Kolor : Beaucoup de vêtements faits de l’assemblage de plusieurs tissus ou de différentes mailles. Des tons neutres, gris, noirs ou marrons pour les pantalons, vestes et manteaux. Avec en touches des couleurs ultra vives voire fluo pour des pulls, écharpes, doudounes. Des manteaux à fermeture croisée, un duffle coat. Les pantalons sont souvent amples et souples.
Sacha Walckoff, créateur de la collection Christian Lacroix homme, définit son défilé comme « une idée d’uniforme mais sans uniformité, de rigueur mais non dénuée de fantaisie ».
Le travail est l’une des principales inspirations avec des combinaisons parfois comme tachées de peinture ou bleu mécano, des tenues de cadre, d’ouvriers du bâtiment ou de travaux public, d’artiste, architecte. Des manches de chemises caoutchoutées. Quand ce n’est pas le travail, les vêtements sont très urbains avec des bombers zippés, des sweaters.
Mais dans le détail, la collection se montre très luxueuse avec par exemples, un over-shirt de soie, un coupe vent d’astrakan, un paletot en vison éjarré encre, un veston ou un manteau en kabig de laine et cachemire.
Walter Van Beirendonck est l’un de mes créateurs préférés. Il m’a fallu du temps pour apprécier sa collection hiver 2013 « Shut your eyes to see ». Notamment à cause de ces décorations d’oreilles et ces lèvres portatives que je n’ai pas comprises. Globalement, les vêtements sont très festifs avec des vestes, chemises et pantalons brillants, des fils de pompons de pompom girls. Ridicool avec des pulls aux jacquards patchwork qui semblent avoir été tricotés par une vieille tante. J’adore les pantalons fluides et amples. La coupe des vestes est parfaite.
Je poursuis mes présentations des défilés de la fashion week avec John Lawrence Sullivan, la marque du créateur de mode japonais Arashi Yanagawa. Pour l’hiver 2013, il propose une collection qui s’inspire de l’Afrique avec des triangles, des impressions florales, des motifs python et crocodile dans un esprit tribal et des codes de l’élégance des dandys anglais avec du tweed et de la flanelle. Le genre de silhouette que j’adore : Les vestes ajustées et pulls très près du corps sont associés à des pantalons larges à taille haute. Ils s’inspirent des traditionnels hakama japonais. Des manteaux aux épaules larges sont eux associés à des pantalons ajustés. Des couleurs très fortes : orange, indigo ou bleu électrique associés à des griset des noirs.
Le communiqué de presse indique que cette collection de Y.Project by Yohan Serfaty intitulée « Chairman » est « une allégorie de l’illusion du pouvoir social et de l’influence qu’il projette sur le sujet, chacun d’entre nous, et sur l’objet, celui sur lequel il s’exerce ». Le créateur s’est attaché à remettre en question formalisme, uniforme, valeurs hiérarchiques et atours des conventions. Les codes traditionnels du vestiaire masculin sont subtilement transgressés.
De larges ceintures marquent les tailles. Certaines à double boucle sont intégrées aux pantalons. Les volumes de certains pulls, vestes et manteaux ou col sont exagérés. D’autres pièces ont une coupe très près du corps, notamment certains blousons. Aux pieds : de bonnes grosses chaussures ou bottines.
Les tons sont gris et bruns, beige et kaki, taupés avec une très large utilisation de cuirs. Du cuir de kudu, une antilope d’Afrique, du kangourou patiné à la main, du cerf.
Ce magazine publie des enquêtes sur les tendances mode donnant des explications sur ce qu'elles disent de notre époque. Des interviews de personnalités : acteurs, chanteurs et sportifs, des articles sur la protection de l'environnement, le matériel de sport, les nouvelles technologies, les montres, la gastronomie. Des tests de jeux vidéo. Des conseils pratiques. N° CPPAP : 0125 W 93848.