Le sur-mesure pour un costume parfait

L’objectif du sur-mesure est de réduire les plis, bosses et ombres lors du port du costume quelque soit la posture. Le vêtement est comme « moulé » sur celui qui le porte et adapté à ses habitudes.

Nous avons testé la création d’un costume sur-mesure de la maison Faubourg Saint Sulpice qui se trouve 32 rue Chevert à Paris dans le 7ème. Voici en détail comment se passe la confection d’un complet, costume 3 pièces :

 

1ère étape : parler avec le client pour savoir ce qu’il souhaite

« Ce n’est pas parce que c’est sur-mesure que tout est souhaitable et que tout est possible, explique Géraud Lamazère, directeur artistique 
de Faubourg Saint Sulpice. Le client, plutôt qu’un vêtement, achète une prestation de stylisme. Il s’agit de le comprendre : Que veut-il, de quoi a-t-il besoin ? Que veut-il essayer d’imprimer ? Etre remarqué ou être dans la discrétion ? Dans quel contexte sera-t-il porté ? Tous les jours au travail, de manière occasionnelle, en soirée… Par exemple quelqu’un vient d’être promu directeur, il pense qu’il fait trop jeune… On travaille sur ce que le vêtement dira de lui, en nuances. A partir de là on imagine un vêtement. On le conseille sur l’ensemble de la silhouette, y compris les chaussures ».

Même si la personne se tient de manière détendue, visuellement le vêtement donne l’impression de quelqu’un se tenant très droit.

 

2ème étape : prise de mesures

Pour cette étape, le client commence par porter une chemise, une veste et un pantalon qui correspondent à sa taille. On les appelle des gabarits. Ce sont des outils de travail qui permettent d’avoir une « lecture » du tissu sur le client, de voir ce qui va et ce qui ne va pas. Comment il se tient, s’il est un peu vouté, s’il a les épaules à la même hauteur, etc. Ils permettent aussi au client d’avoir un premier ressenti et un premier visuel.

Sur chacun de ces gabarits, la personne qui prend les mesures épingle l’étoffe. Au niveau des coutures, elle indique, avec des épingles, des morceaux de tissu à retirer. Au fur et à mesure, elle demande notre sensation et comment on préfère porter le costume en fonction de son utilisation : travail, soirées, etc. Ensuite sont faites les premières mesures : cou, poitrine, taille et bassin.

Pour la mesure du cou on doit pouvoir déglutir sans ressentir de gène. Le tour de poitrine se mesure bras levés, un peu en dessous des omoplates dans le dos et au niveau des têtons devant, on inspire et expire. Ensuite est mesuré le tour de la taille. Enfin on détermine quelle est la taille du pantalon.

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Sur cette photo, la veste est trop petite. C’est flagrant au niveau de la longueur des manches, mais remarquez l’étoile de plis qui se forme autour du bouton et qui indique que la taille est trop petite aussi. Beaucoup de plis aussi sur les manches et du coté gauche de la veste.

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C’est ainsi que beaucoup d’hommes portent leur veste. Or elle est beaucoup trop grande. Le bourelet aux épaules montre que la largeur est trop grande. Les manches sont trop longues et le tour de taille aussi.

veste-costume-parfaite

Un costume sur-mesure donne un résultat parfait.

Un pantalon parfait :

Pour connaître la taille du pantalon, il faut mesurer non pas le tour de taille, mais celui du bassin. C’est la partie la plus large du bas du corps, au niveau du haut de l’os de la cuisse. Diviser le chiffre obtenu par 2 et retirer 8.

Taille haute ou taille basse, qu’est ce qui est le plus harmonieux ? ça dépend de la taille du buste et des jambes. L’essayage du gabarit va permettre de le savoir. On porte le pantalon plus ou moins taille haute et on regarde l’harmonie. Le choix du placement se fait aussi en fonction des habitudes du client. De plus, pour un pantalon en laine sèche de costume, il faut que la ceinture cogne sur la cambrure. Si la fourche est trop courte, ça ne met pas en valeur les fesses.

  • Mesure du tour de ceinture : on doit pouvoir passer un doigt tout du long. Et le pantalon doit tenir seul. Ensuite, on ajuste le bassin sur le gabarit, puis les montants c’est-à-dire la fourche. Le tailleur indique avec les épingles le surplus de tissu à retirer.
  • Mesure de la demi largeur du bas du pantalon : elle est déterminée par la pointure des chaussures.
  • Mesure du fuselage, c’est à dire le fit de la cuisse, puis du creux du genou et de l’aisance du mollet. Si le pantalon est trop serré au niveau du mollet, quand on est assis et qu’on se relève, il reste coincé et forme des plis.
  • On ajuste la tranche, réajuste la cuisse pour mettre en valeur les fesses. Pour bien vivre dans le pantalon, on laisse 4 cm d’aisance pour pouvoir bouger, danser, etc.
  • L’avant-dernière mesure consiste à définir la longueur des jambes avec un pli cassant sur la chaussure.
  • Enfin, on observe l’orientation des genoux, l’arc des jambes. Pour cela le client doit se tenir les chevilles collées.

Une chemise parfaite

Pour mesurer la largeur de la chemise, on mesure la longueur de l’épaule entre la fin du bout de l’os et le bas du cou. La longueur des manches est mesurée entre le début du pouce et l’épaule. La longueur de la chemise : entre le bas des fesses et le bas du cou (ce qui correspond au pied de col). Puis on ajuste le tube de manche pour avoir de l’amplitude pour bouger le bras, pouvoir le plier avec confort tout en restant ajusté. Enfin, on mesure le poignet en tenant compte du port d’une montre.

Mesures du gilet :

En hauteur : le bouton du haut du gilet doit être au creux du sternum. En bas, il doit entièrement recouvrir la zone de la ceinture. Le gilet sert à maintenir la chemise.

Mesures de la veste :

La taille de la veste est définie par le tour de poitrine divisé par 2. Dans une position naturelle, on va ajuster le bas de la veste pour qu’il soit parallèle au sol.

Pour une veste à 2 boutons, la hauteur du bouton du haut doit être un centimètre au dessus du point le plus marqué de la taille. Cette règle peut être légèrement contournée en fonction du buste de chaque client. Pour un seul bouton, c’est juste au dessus du nombril. Longueur des épaules : il doit y avoir un angle de 45° entre la pente d’épaule et le bras. S’il y a un creux tout en haut du bras, c’est que l’épaule de la veste est trop courte. On croise et décroise les bras pour vérifier la carrure. Le sur mesure permet de supprimer tous les plis dus à un surplus de tissu.

La pente d’épaule : On retire le surplus pour retirer les ombres et les plis disgracieux qui se forment dans le dos au niveau des aisselles. Le tailleur fait glisser naturellement le tissu en trop pour savoir ce qu’il faut enlever. On garde juste un pli d’aisance qui est nécessaire, mais qui est droit. On règle aussi l’encolure : Le col de chemise et celui de la veste doivent rester collés.

L’amplitude de l’emmanchure : plus l’emmanchure au niveau des aisselles est bas, plus elle fait un effet peu cintré quand on ouvre les bras, ce qui n’est pas joli.

Mesure de l’amplitude bras / poitrine, puis mesure des manches : On sert le poing et lève le pouce pour définir le bas de la manche qui doit arriver juste au début de la main. La longueur de la manche de la chemise est 1 cm plus longue que celle de la veste.

Le cintrage : la ligne du dos doit être droite, légèrement incurvée au niveau de la cambrure.

Le bas de la veste doit couvrir les fesses. Pour une harmonie de la silhouette, on a presque autant de longueur de buste que de longueur de pantalon.

La hauteur des poches : 2 cm au dessus du second bouton.

Voilà vous savez tout sur les mesures d’un costume et d’une chemise parfaits. Tout cela prend environ une heure.

Entoilage

L’autre avantage d’un costume sur-mesure concerne l’entoilage entre le tissu extérieur et la doublure qui sert à donner à la veste sa forme et sa tenue. Les costumes confectionnés de manière industrielle ont un entoilage thermocollé. Le problème c’est qu’avec le temps, des cloques apparaissent sur le tissu extérieur. Les tailleurs sur mesure utilisent un entoilage fait de plusieurs couches de toile en crin de cheval cousues. Avec la technique dite semi-traditionnelle, le plastron est entoilé à la main et le bas de veste thermocollé. Avec la technique traditionnelle, l’entoilage est intégral : toutes les couches qui constituent le vêtement sont piquées ensemble à la main.

Voici quelques photos extraites du lookbook de la collection hiver 2016-2017 de la maison Faubourg Saint Sulpice. Le prix d’un costume sur-mesure varie de 700 à 900 euros.

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