Interview d’Edouard Collin au théâtre dans « Revenir un jour »

Edouard Collin : « Je joue totalement l’inverse de ce que je suis »

Le comédien, Edouard Collin, à l’affiche de Revenir un jour, pièce sur la reformation d’un boys band, nous parle des personnages, de son rôle, du montage de la pièce, de sport et de mode.

Mise à jour 1er octobre 2021 : Retrouvez Edouard Collin dans Mes Adorées 🙂

De quoi parle la pièce ?

Quatre amis d’enfance se retrouvent. Ils étaient membres du plus grand boys band français, les OneAgain4, au début des années 2000. Puis le succès de ce genre groupe s’est terminé… Des années après, la production décide de les reformer. On va comprendre pourquoi. On va surtout voir quels ont été leurs choix de vie. C’est aussi une pièce sur leur amitié.

L’un est devenu père de famille. Il s’est posé. Il fait du théâtre mais dans de petites salles. Il s’accommode de ça. Un autre a complètement arrêté. Il a ouvert un food truck. Il a un peu grossi. Le 3ème est parti aux Etats-Unis. Il fait comme il peut. Il fait un peu de porno. Le 4ème, Alex, que je joue, n’a pas voulu voir que ça s’était fini. Il est entouré de gens qui lui disent que rien n’a changé. Et pour tenir le coup, il se drogue, il boit. Il est tombé dans les travers de la peopolisation.

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Comment as-tu été contacté pour ce rôle ?

Franc Le Hen m’a écrit sur Facebook en janvier 2013. On se connaissait sans se connaître. Il me dit : « J’ai écrit une pièce, j’aimerais t’envoyer le manuscrit ». Il m’a envoyé la première version de la pièce. J’ai beaucoup aimé l’idée et le personnage, l’histoire d’amitié. Nous l’avons présenté le 25 novembre au Palais des Glaces sous forme de show case financé par les internautes sur kisskiss bankbank. Dès le début, ils ont vraiment cru au projet. Un producteur a vu la représentation et a dit « OK je vous suis ». Le directeur du Palais des Glaces nous a dit : « J’y crois à cette pièce, venez la jouer dans mon théâtre ».

Dans la pièce, il est question de remise en forme physique. Quels conseils donnerais-tu aux lecteurs souhaitant eux aussi se remettre en forme ?

Faire du sport, être régulier, manger sainement. Evidemment ne pas prendre d’anabolisant, ni de stéroïdes, ni de drogue, ne pas boire, ni fumer. Ce métier, quand on doit jouer tous les soirs, demande beaucoup d’énergie et de forme physique, en plus de la forme mentale. Je pourrais me lever à midi, mais je me force à me lever le matin comme tout le monde, ou un peu plus tard que tout le monde, à 9h parce que je travaille tard. Mener une vie saine et régulière, parfois c’est plus dur : En ce moment, je répète une pièce et je joue le soir. Je me lève quand même pour aller au sport. C’est comme ça que je me sens bien. Mais je ne suis pas du tout dans le culte du corps.

Tu t’es quand même bien musclé depuis tes débuts

Oui, mais j’avais 17 ans. Les premiers réalisateurs avec qui j’ai travaillé, Olivier Ducastel et Jacques Martineau m’ont dit un jour : « Tu devrais faire du sport parce que dans le cinéma français, on a peu d’acteurs à déshabiller ». Et depuis ça fait 10 ans que je passe ma vie à poils ! Non, j’exagère 😉 Je me suis rendu compte très vite que le sport me fait du bien, que ça me détend.

En France, il y a toujours eu de très belles actrices, moins de beaux acteurs, contrairement aux Etats-Unis où beaucoup travaillent énormément leur corps

Quand on va au cinéma, on s’identifie aux personnages. Aux Etats-Unis, les gens s’identifient à des bombes comme Brad Pitt ou Ryan Gosling. On leur donne du crédit pour être à la fois beaux mecs et bons acteurs avec des rôles profonds. En France, on n’aime pas ça. C’est un peu comme si on voulait conforter l’idée qu’on est comme on est. Je suis plutôt dans l’optique de me dire « oui, je suis comme je suis, mais autant tirer le meilleur de moi-même ». Un acteur qui n’est pas « corporellement sportif », on va dire « Il a vraiment du charme, une profondeur, quel acteur ! Il dégage un truc ». Un beau mec, on ne va pas dire que c’est un bon acteur. Il aura plus de choses à prouver. En France, la plastique te dessert.

Parfois lors de casting, on me trouve trop musclé, on me dit que je fais trop sportif. Y’a une semaine on m’a dit : « trop viril ». C’est pas possible « trop viril »… Depuis que je fais du sport, je n’ai plus accès à certains rôles. Je ne peux pas jouer un chirurgien ou un avocat parce que je suis trop sportif. Franc Le Hen, quand il m’a proposé ce rôle, m’a dit : « Qui mieux que toi pour jouer un mec qui en marre de son image ? ». J’ai l’impression de passer d’image en image. Entre 17 et 20 ans, on ne m’envoyait que sur des castings de gay parce que j’ai eu un rôle de gay à 17 ans et que ça ne me posait pas de problème. Entre 20 et 25 ans : des escorts pour femme. Et maintenant, c’est les profs de sport.

Dernièrement, on m’a de nouveau proposé un rôle de gay, très intéressant, comique, pour une série que j’ai trouvée top. Je suis allé à l’audition. On m’a dit : « C’est très bien, mais on ne croira jamais que le personnage est gay, tu ne fais pas efféminé ». A mes débuts, comme j’ai commencé par un rôle de gay, on disait que je ne pouvais pas jouer un hétéro. Maintenant c’est l’inverse. Ce personnage actuel me fait du bien car je joue un drogué, moi qui ne me suis jamais drogué. Je joue totalement l’inverse de ce que je suis. C’est très intéressant. Le propre du cinéma et du théâtre c’est de faire semblant.

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La thématique principale de mon blog, la mode pour homme, c’est quelque chose qui t’intéresse ?

Oui, mais je n’ai pas un look très travaillé, parce que j’ai la flemme. Je ne connais pas trop les créateurs et je ne m’intéresse pas trop aux défilés. J’ai assisté à quelques défilés de Gaultier, Givenchy avec Amanda Lear parce qu’elle veut toujours m’y emmener. J’aime le style urbain, workwear, comme Carhartt, parce que ça vit, les vêtements se patinent. Ils ne sont pas figés. Je n’aime pas les looks trop lisses, étriqués et proprets.

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Revenir un jour au Palais des glaces, jusqu’au 30 août.

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