Dans les coulisses du Bal des Vampires : photos et interviews

La comédie musicale de Roman Polanski Le Bal des Vampires a fêté hier ses 100 000 spectateurs au théâtre Mogador. A l’occasion, la troupe a annoncé une prolongation des représentations jusqu’au 28 juin. J’en profite pour publier un mini reportage de 19 photos des coulisses et la retranscription d’une conversation que j’ai eue avec certains chanteurs pendant le maquillage.

Le Bal Des Vampires Mogador Teatre Paris

Daniele Carta Mantiglia, David Alexis et Stéphane Métro

J’ai pu visiter les coulisses, voir les décors et les costumes de près, assister à des répétitions de doublures, à l’échauffement collectif où la troupe fait des exercices physiques, par exemple des pompes, les chanteurs échauffent leur voix et les danseurs s’étirent. Et pendant le maquillage, discuter avec certains chanteurs à quelques minutes de l’entrée en scène : Stéphane Métro qui joue le vampire Compte Von Krolock, Pierre Samuel : l’aubergiste Chagal, Moniek Boersma : la bonne Magda et David Alexis : le Professeur Abronsius. Je commence par interroger Stéphane Métro sur son rôle. Pour plaisanter, il prend une toute petite voix avec un accent du sud :

« J’interprète donc le rôle du Comte Von Krolock, de son prénom, on se sait pas…

Les autres membres de la troupe interviennent : Mais si, on le sait ! Entre nous, on le sait…

Stéphane : Ah oui. Je l’ai baptisé Didier.

Moi : Ça sonne bien.

Les autres : Marcel c’était mieux. Ou Jean-Denis, ça fait légionnaire.

Stéphane : C’est le châtelain, et tous les ans, il organise un bal. Il aime bien réunir quelques vieilles connaissances, qui viennent d’outre-tombe d’ailleurs, à la recherche de sang frais. C’est le fameux vampire de l’histoire.

Moi : Et tous les ans, il a quelqu’un à présenter…

Stéphane : Et cette année, il présente 3 personnes d’un coup. Mais il s’en réserve une, la jeune Sarah.

Moi : Une question sur le charisme… La présence du vampire est imposante, est-ce que ça vient du costume et de la mise en scène ? On a l’impression que c’est vous-même qui imposez votre présence.

Stéphane : Je pense que c’est un tout, le costume, la mise en scène, le fait d’arriver lentement, en marchant dans la salle, en étant éclairé en contre jour. Et pour le charisme, merci.

Moi : Pierre, votre personnage Chagal est un coureur de jupons.

Pierre Samuel : Oui, il voudrait en attraper quelques unes, or vu la tronche qu’il a, ce n’est pas facile-facile. Mais comme c’est le patron, il aimerait bien avoir un droit de cuissage sur ses employées. Mais il a sa femme sur le dos et ça se termine toujours par un coup de salamis sur la tête. A part quand il devient vampire. C’est un happy-end pour lui, ou presque. Il se retrouve pour l’éternité avec la femme qu’il désire le plus dans un cercueil. Ça pourrait être pire. Mais tu pourras demander à la comédienne qui joue le rôle de Magda : Nous passons tous les jours 10 minutes ou un quart d’heure dans une boite. Elle ne se laisse pas faire.

Moi : Vous êtes serrés dans cette boite ? Vue du public on évalue mal sa largeur.

Pierre : C’est une taille classique. Chez H&M, c’est M. Nous sommes un peu serrés, il faut s’emboiter légèrement.

Moniek : Et en plus il a un gros ventre.

Pierre : J’ai un faux bide et toi, des faux seins. Les 2 grugent. C’est parfaitement calculé, y’a mon bide et au dessus, ses faux seins. Nous nous sommes tout dit dans cette boite, je sais tout de Moniek et elle sait tout de moi. Mais nous avons promis de ne rien répéter, mais l’ingé son est au courant.

Moniek : Nous faisons des blagues. Le personnage que j’interprète, Magda, est très simple dans la vie. Tout se passe comme si elle voyait tout pour la première fois. Elle n’est pas forcément naïve, mais elle fait ce qu’elle a à faire, elle travaille parce qu’elle a besoin d’argent. Elle ne s’entend pas bien avec Chagal.

Moi : Elle emploie quand même des mots assez ironiques sur son compte : « La fleur au fusil, toujours chargé, mais là ses envies sont désamorcées ».

Moniek : Oui elle se rend compte de ce qui se passe, mais elle reste parce qu’elle n’a pas trop le choix.

Moi à David Alexis qui joue le professeur Abronsius : Vous est-il déjà arrivé de vous tromper dans les paroles ? Il semble impossible de prononcer autant de mots en si peu de secondes comme vous le faites…

David Alexis : ça peut paraître prétentieux : Je ne me suis jamais trompé. Pendant les répétions, oui, je perdais mes mots. Je découvrais la bibliothèque et l’orchestre. Mais depuis le début des représentations, je suis très connecté.

Moi : Avez-vous des systèmes mnémotechniques pour retenir votre texte sans vous tromper ? (le personnage énumère, dans une chanson, une longue liste d’auteurs à toute vitesse). C’est d’autant plus difficile, que vous devez transformer votre voix.

David Alexis : Les livres sont classés par types d’auteur : les philosophes, les écrivains…. J’ai un système très personnel : J’ai mis des visages sur les livres. Je connaissais 85 % des auteurs. Pour les scientifiques : Ampère, Newton, Watt… J’avais besoin de me rappeler qui était qui. Ça ne peut pas s’apprendre comme un annuaire. Ce qui facilite les choses, c’est que leurs noms ont été choisis pour que ce soit musical. Une quantité d’autres noms auraient pu être choisis. L’adaptateur m’a dit : S’il y en a qui te gênent, remplace-les par d’autres qui te plaisent.

Moi : Les livres permettent aussi de dater l’action, Flaubert est cité…

David Alexis : Madame Bovary, effectivement. J’ai demandé à Roman. Il m’a dit : Fin 19ème. Ça se voit sur certains costumes très datés fin 19ème ».

Propos recueillis et photos prises le 16 décembre 2014.

Pour tout savoir sur le spectacle, cliquez ici : Le Bal des Vampires